On recherche des analystes spécialisés pour garantir la transparence de l'action climatique
8 mai 2019
Entretien
Expert Reviewers to Enable Transparency of Climate Action
UNFCCC Lead Reviewers Expert Meeting in Bonn, Germany
Most Wanted: Expert Reviewers to Enable Transparency of Climate Action

ONU Changements climatiques Infos, 6 mai 2019 - Les efforts mondiaux s'intensifient pour aider les pays à rendre compte de leurs émissions de gaz à effet de serre et des mesures qu'ils prennent pour les réduire. L'ONU Changements climatiques encourage un plus grand nombre d'analystes spécialisés à participer à cet effort crucial, ce qui a été souligné lors d'une réunion des principaux analystes qui s'est tenue récemment à Bonn, en Allemagne.

La transparence est un élément essentiel d'une action climatique nationale et internationale efficace et concerne non seulement l'établissement de rapports sur les efforts visant à réduire les gaz à effet de serre, mais aussi le renforcement de la résilience face aux effets inévitables du changement climatique et les moyens de mise en œuvre tels que le financement, le transfert de technologies et le renforcement des capacités.

« Des experts qualifiés en examen technique, nommés par les pays, sont indispensables pour mettre en œuvre le cadre de transparence renforcée prévu par l'Accord de Paris. La réunion des principaux analystes, en tant que forum d'examinateurs expérimentés, a fourni des orientations et des conseils sur la manière d'améliorer la qualité, l'efficacité et la cohérence des examens techniques d'experts dans le cadre de la Convention et du Protocole de Kyoto, et s'est engagé également à structurer le processus des examens dans le cadre de l'Accord de Paris », a déclaré Katia Simeonova, Directrice du Programme de l'atténuation et l'analyse des données de l’ONU Changements climatiques.

Cette fonction d'analyste est volontaire. Cependant, leur travail est extrêmement important et leur enthousiasme vis à vis de cette mission est impressionnant. Lors de la réunion des 150 principaux analystes du secrétariat de l'ONU Changements climatiques à Bonn, les participants ont partagé leurs impressions sur ce qui a été réalisé jusqu'à présent.

Thelma Krug est directrice de recherche, assistante du directeur de l'Institut national de recherche spatiale du ministère brésilien de la Science, de la Technologie et de l'Innovation, et vice-présidente du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Depuis plus de 15 ans, elle négocie pour le Brésil sur des questions liées à l'utilisation des terres et a acquis beaucoup d'expérience en tant qu'analyste.

« Ce que j'aime le plus, c'est que vous pouvez aider les pays à améliorer leurs inventaires », dit-elle. « Vous pouvez leur expliquer comment vous pourriez le faire vous-même en tenant compte de vos expériences, dans mon cas celles que j'ai acquises dans mon propre pays en faisant l'inventaire du Brésil. Et peu importe le profit que vous tirez de cette expérience, car vous-même vous êtes en train d'apprendre, d'apprendre et d'apprendre. Tout en étant en relation avec d'autres personnes de tant de cultures différentes, avec des conditions propres à chaque pays. »

Nick Macaluso, directeur de la Division de l'élaboration de modèles et de la recherche quantitative de la Direction de l'analyse économique au sein de la Direction générale de la politique stratégique d'Environnement et des changements climatiques du Canada, a reporté son départ à la retraite afin de pouvoir continuer à travailler comme analyste bénévole. Ce qu'il apprécie lui aussi le plus dans son travail, c'est l'expérience d'apprentissage, qui, selon lui, fonctionne dans les deux sens - pour l’analyste et pour le pays qui fait l'objet de l'examen.

« On apprend beaucoup de choses de différents pays. J'ai fait ma première analyse d'un rapport biennal de mise à jour cette année ; travailler avec des personnes du monde en développement, avec leurs propres perspectives fut très intéressant », dit-il.

« Le Canada fait l'objet d'une analyse comme les autres pays développés et la première fois que j'ai fait l'examen du pays, j'ai rapporté les enseignements tirés à l'équipe qui se préparait pour l'examen du pays, donc le types de questions qui seraient posées, le genre d'efforts que nous aurions à faire », ajoute-t-il.

De nombreux analystes soulignent l'importance des précieux enseignements qu'ils tirent de leurs contacts avec d'autres experts et des discussions qu'ils ont eues. Marcela Olguin-Alvarez, consultante principale et experte en estimation, déclaration et atténuation des gaz à effet de serre en Amérique latine, a été à la fois analyste et participante à certaines des communications nationales et des inventaires des émissions de gaz à effet de serre du Mexique. Elle partage le ressenti de Thelma Krug et de Nick Macaluso sur le fait qu’il est très gratifiant d'être analyste, car cela va dans les deux sens :

« C'est une occasion d'apprentissage unique parce que nous avons la chance d'aller dans certains de ces pays et de comprendre beaucoup de choses de la part de gens très bien informés dans le pays. Ils aident tous à améliorer vos propres rapports, mais aussi à mieux comprendre comment d'autres pays ont fait leur rapport, comment ils se sont améliorés au fil du temps et ont surmonté certains des principaux défis du processus », dit-elle.

Marcela Olguin-Alvarez souligne qu'être analyste signifie accumuler une expertise qui peut être partagée en dehors du processus d'examen de base avec les autres. Dans son cas, cela a contribué au renforcement des capacités régionales, étant donné qu'elle assiste à de nombreuses autres réunions avec des délégués d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud et peut y partager ses connaissances.

Un grand nombre des analystes principaux occupent des postes de direction au sein de leur gouvernement, comme ceux mentionnés ci-dessus, mais des membres moins expérimentés au sein des équipes d'examen sont nécessaires.  Les experts qui travaillent dans les pays sur la mesure, la notification et la vérification des actions et du soutien en matière de changement climatique peuvent apporter leur contribution et, dans le même temps, bénéficier le plus de l'expérience de l'examen.  Les analystes de politiques, les modélisateurs économiques, les statisticiens d'inventaires de gaz à effet de serre et les experts financiers sont invités à participer au processus de vérification international. Pour savoir comment devenir un expert, cliquez ici.

Comment la transparence dans le cadre de la CCNUCC est-elle renforcée ?

Lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques en décembre 2018, les pays ont adopté les règles d’applications de l'Accord de Paris, et notamment ce cadre de transparence renforcée.

Ils sont convenus que tous les pays, développés et en développement, rendront compte tous les deux ans de leurs réalisations et des défis liés aux changements climatiques.

Cela signifie qu'à partir de 2022, afin que le cadre de transparence soit mis en œuvre, le nombre d'experts devra au moins doubler pour atteindre environ 1500 d'ici 2024 afin de satisfaire aux exigences concernant la transparence dans le paquet climat de Katowice.

Le cadre de transparence renforcée prévu par l'Accord de Paris s'appuie sur le système actuel et solide de mesure, de notification et de vérification prévu par la Convention. Le cadre de transparence renforcée représente un élément important du cycle d'ambition du régime climatique mondial établi par l'Accord de Paris en renforçant la confiance dans le fait que les pays prennent des mesures pour atteindre leurs objectifs d'avant 2020 et leurs plans d'action nationaux pour le climat ("Contributions déterminées au niveau national" ou "CDN") au titre de l'Accord de Paris.

En outre, en complément des recherches scientifiques et des conclusions du GIEC, les rapports nationaux sur le climat et les émissions de gaz à effet de serre des pays contribueront de manière importante à l'inventaire mondial, ce qui conduira à davantage d’actions climatiques qui se poursuivront à mesure que les régimes climatiques se rapprocheront de l'objectif de zéro émission nette en 2050 et de la neutralité climatique d'ici là.

Pour de plus amples renseignements sur le processus d'examen, cliquez ici.