Discours majeur du secrétaire exécutif d'ONU Climat : le nouveau plan européen pour le climat est la forme la plus forte de « garantie de sécurité économique ».
26 mars 2025
Discours de l’ONU Changements Climatiques
The Executive Secretary delivers a keynote speech in Berlin.
Credit: Phil Dera Photography

The following is a translations of remarks delivered by UN Climate Change Executive Secretary Simon Stiell in Berlin on 26 March 2025 at the “Europe 2025” Conference.

Le texte qui suit est une traduction des remarques faites par le Secrétaire exécutif des Nations Unies pour le changement climatique, Simon Stiell, à Berlin le 26 mars 2025 lors de la conférence « Europe 2025 ».

 

Chers collègues, chers invités, beaucoup de mots ont été utilisés pour décrire le sujet de cette session. Des mots comme bouleversement ou même crise.  

J'utiliserai un autre mot : perturbation.    

Perturbation se réfère bel et bien au changement, oui. Mais elle peut aussi être une force de progrès, ouvrant de vastes perspectives.  

Je veux vous mettre au défi aujourd'hui de considérer la perturbation actuelle, sur le front du climat, tant comme une opportunité monumentale, que comme un moment de risque accru.  

Les coûts imposés par la crise climatique sont bien sûr déjà considérables et augmentent rapidement.  Qu'il s'agisse des tempêtes sans précédent, des vagues de chaleur, des sécheresses ou des inondations, les catastrophes liées au climat réduisent la production alimentaire et détruisent les infrastructures, les entreprises, les habitations et même des communautés entières.   

Les effets du climat pourraient amputer le PIB combiné de l'UE de 1% dans les années à venir, ce que l'Europe peut difficilement se permettre compte tenu de la faible croissance annuelle de son PIB.  

En outre, la crise climatique pourrait amputer le PIB de l'Europe de 2,3% d'ici le milieu du siècle, ce qui constituerait une recette pour une récession permanente.  

Les dégâts ne s'arrêteront pas aux frontières de l'Europe, mais ils l’affecteront de plus en plus.  

À mesure que les catastrophes rendront de plus en plus de régions invivables et que la production alimentaire diminuera, des millions de personnes supplémentaires seront contraintes de migrer, à l'intérieur de leur pays et au-delà des frontières.   

Il ne fait aucun doute que la crise climatique est une crise de sécurité nationale urgente qui devrait figurer en tête de l'ordre du jour de chaque cabinet. La capitulation n'est pas une option. Et les demi-mesures sont synonymes d'échec.  

La question est déjà au cœur des préoccupations de la plupart des ménages : 94% des Européens soutiennent les mesures visant à renforcer la résilience et à s'adapter aux changements climatiques.  Les gouvernements ont donc un mandat très clair en matière d'action climatique. 

Mais permettez-moi d'aborder maintenant l’autre côté de la médaille et les opportunités monumentales, d’autant plus que le boom des énergies propres s’accélère. 

De nouvelles données de l'IRENA montrent aujourd'hui que l'année 2024 a battu tous les records de croissance des énergies renouvelables dans le monde. L'année dernière, 90% des nouvelles sources d'énergie ont été des énergies renouvelables, ce qui montre qu'il est impossible d'arrêter l'essor des énergies renouvelables dans le monde.  

Mais surtout, les énergies renouvelables ont progressé deux fois plus vite en Asie qu'en Europe. Il est clair que l'Europe a encore beaucoup de possibilités d'accélérer le rythme.  

Et, lorsqu'un gouvernement se retire du leadership en matière de climat, cela ouvre la voie à d'autres pour qu'ils s'avancent et saisissent les avantages considérables qui leur sont offerts.  

Et soyons clairs : dans un contexte de boom mondial des énergies propres qui a atteint 2 000 milliards de dollars américains l'année dernière, les dividendes offerts sont monumentaux.  

La transition vers une énergie propre peut être le moteur économique de l'Europe, aujourd'hui, alors que de nouvelles sources de croissance sont essentielles pour soutenir les niveaux de vie, et pour les décennies à venir.   

Les investissements dans les énergies renouvelables, les infrastructures durables et les technologies vertes créent déjà des millions d'emplois de qualité et renforcent la compétitivité de l'Europe sur le marché mondial.  

Pour que ces avantages profitent à un plus grand nombre de personnes encore, il est essentiel que l'Europe se dote d'un nouveau plan climatique solide. Il s'agit d'une contribution déterminée au niveau national (CDN).    

Ces plans sont des schémas économiques, des signaux adressés aux marchés et aux consommateurs sur la direction que prennent les pays aujourd'hui et au cours de la prochaine décennie.  S'ils sont bien exécutés, ces plans sont des aimants à richesse qui attirent d'énormes flux d'investissements, créent de la croissance et renforcent le niveau de vie, en particulier à mesure que les populations vieillissent.  

En ce qui concerne les garanties de sécurité de type économique, l'Europe n'a rien trouvé de plus fort qu'un nouveau plan national audacieux sur le climat cette année.  

De grandes économies comme le Royaume-Uni et le Brésil ont déjà mis en œuvre leur CDN parce qu'elles savent que des plans solides apporteront d'énormes avantages humains et économiques.    

Ce mois-ci, des signaux positifs ont montré que certains décideurs européens sont également conscients des avantages qu'ils ont à gagner.   

Le Fonds allemand de transformation climatique, doté de 500 milliards d'euros, dont 100 milliards d'euros pour l'action climatique, est un exemple clair de la manière dont les investissements dans le climat, la sécurité et la stabilité économique vont de pair.  

Ce nouveau fonds ouvrira une nouvelle voie express allemande dans la course mondiale aux énergies propres, d'une valeur de 2 000 milliards de dollars, et contribuera à stimuler l'emploi.  

L'action ne doit pas s'arrêter aux frontières de l'Europe. Par exemple, pour redynamiser l'industrie européenne, il faudra garantir l'accès aux matières premières et aux minéraux essentiels. Cela repose sur un ordre international solide et fondé sur des règles, qui à son tour repose sur le fait que l'Europe est perçue comme un partenaire fort, fiable et stratégique. Unir les nations et renforcer la coopération internationale.   

Mais cela signifie aussi qu'il faut joindre le geste à la parole. En continuant à financer l'action climatique dans d'autres pays, en particulier ceux qui ont le plus besoin d'aide. Parce que chaque économie dépend d'un climat stable et de chaînes d'approvisionnement résilientes, capables de résister aux chocs climatiques qui alimentent les pressions inflationnistes.   

Vous avez la technologie. Vous avez les ressources. Ce qu'il faut maintenant, c'est faire preuve de leadership. C'est le moment pour l'Europe.  Je vous invite à le saisir.