Le monde doit se préparer à des phénomènes météorologiques extrêmes, même si les objectifs de l’Accord de Paris sont atteints
16 février 2018
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ONU Changements climatiques Infos, 15 février 2018 - Des événements météorologiques extrêmes surviendront plus fréquemment même si l'objectif principal de l’Accord de Paris sur le changement climatique qui vise à limiter la hausse de la température mondiale bien au-dessous de 2°C est atteint, selon une étude du Standford Woods Institute for the Environment.

Les conclusions soulignent le besoin urgent d’accroître et d’améliorer les régimes d'assurance pour les populations les plus vulnérables, comme le Partenariat InsuResilience qui a connu un nouvel élan lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Bonn en Allemagne.

Les chercheurs, qui ont publié leurs travaux dans la revue Science Advances, ont analysé la probabilité de périodes chaudes, sèches et de pluviosité excessive dans les prochaines années, autant de phénomènes déjà exacerbés par la hausse de la température mondiale et du niveau des océans.

En respectant les engagements actuels de l’Accord de Paris de 2015, les vagues de chaleur sont cinq fois plus susceptibles de se produire dans 50% de l’Europe et dans plus de 25% de l’est de l’Asie. De surcroît, de fortes chutes de pluie sont trois fois plus probables dans 35% de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’est de l’Asie.

Fig. 1 Le changement mondial à trois niveaux de forçage : changement historique, niveau auquel aspire l’ONU, niveau de l’Accord de Paris

Les pays sont convenus en 2015 qu'ils limiteraient l'élévation de la température moyenne mondiale bien au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels et aussi proche que possible de 1,5°C. Atteindre cet objectif permettrait de réduire mais non d’éliminer le risque d’événements climatiques extrêmes précise l’étude. Tandis que les gouvernements cherchent à relever leur ambition climatique, les plans d'action nationaux sur le climat soumis dans le cadre de l'Accord de Paris à ce jour mettent le monde sur une trajectoire allant jusqu'à 2-3°C.

« Même si ce niveau préférable était atteint, nous vivrions toujours dans un climat ayant une probabilité beaucoup plus importante de survenance d’événements d’ampleur inédite qu’aujourd’hui », indique Noah Diffenbaugh du Stanford Woods Institute for the Environment.

Fig. 2 Le changement dans la probabilité de dépasser l'événement chaud historiquement imprévisible à trois niveaux de forçage.

Environ 10 % de la plupart des régions resteraient exposées à un triplement de ces phénomènes. Et environ 90 % de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de l’est de l’Asie ainsi que les régions tropicales « verraient une augmentation marquée du risque de records de chaleur, de pluviosité et/ou de sécheresse », affirme encore Science Advances.

« Nous avons déterminé que les humains ont déjà accru la probabilité d’événements extrêmes historiquement inédits […] y compris plus de 50 à 90 % en Amérique du Nord, en Europe et dans l’est de l’Asie », relèvent encore les chercheurs.

L'assurance est l'un des moyens les plus efficaces de renforcer la résilience aux répercussions climatiques

Selon le réassureur allemand Munich RE les catastrophes naturelles, pour la plupart liées au changement climatique (fortes tempêtes, inondations et incendies) ont causé un montant de dommages record en 2017: 330 milliards de dollars.

D’après une étude de l’université de Davis en Californie, une assurance peut être le moyen le plus efficace d'accroître la résilience des ménages pauvres face au changement climatique tout en empêchant les autres ménages de tomber dans la pauvreté.

Par exemple, un nouveau régime d'assurance InsuResilience pour le Financement et les solutions d'assurance du risque climatique et des catastrophes a été lancé.

Ce dispositif qui vise à fournir une assurance à 400 millions de personnes vulnérables dans le monde d'ici 2020 a connu une impulsion considérable l'année dernière lors de la COP23 à Bonn, en Allemagne.

Lors de la COP23 également, la Norvège et Unilever ont pris l’engagement de consacrer 400 millions de dollars pour stimuler le développement social résilient.

Une chose est sûre: l'adaptation aux effets inévitables du changement climatique - qui est déjà politiquement au même niveau que la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques - deviendra sans doute de plus en plus importante dans les années à venir.