« Le financement climatique est le moteur de l'action climatique » : Simon Stiell à la COP 30
15 novembre 2025
Discours de l’ONU Changements Climatiques
Executive Secretary at the third dialogue on climate finance
Credit: Kiara Worth | UN Climate Change

Vous trouverez ci-dessous la traducion de remarques prononcées par Simon Stiell, secrétaire exécutif d'ONU Climat, lors du troisième dialogue ministériel de haut niveau sur le financement climatique dans le cadre de la CMA à la COP 30 à Belém, au Brésil, le samedi 15 novembre 2025.

 

Excellences,

 

Honorables ministres,

 

Chers collègues, chers amis,

 

Le financement climatique est le moteur de l'action climatique.

C'est ce qui transforme les plans en progrès et les ambitions en réalisations.

Et nulle part ailleurs son importance n'est plus évidente qu'au cours de cette réunion, qui n'est pas une simple formalité procédurale. Elle vise à instaurer la confiance en apportant clarté et prévisibilité quant aux ressources sur lesquelles les pays en développement peuvent compter pour mettre en œuvre leurs plans nationaux en matière de climat et d'adaptation.

Cette confiance reste essentielle.

Sans elle, la mise en œuvre ralentit, les ambitions vacillent et les progrès pour tous deviennent beaucoup plus difficiles.

Depuis Paris, nous avons parcouru un long chemin.

La coopération climatique fonctionne.

Les flux publics et privés de financement climatique sont en augmentation.

De nouveaux partenariats se forment.

Et nous voyons des milliards de dollars affluer vers les énergies propres, la résilience et les transitions justes à travers le monde.

Mais la vérité est que nous ne sommes pas encore assez avancés sur cette voie : le financement climatique n'est pas encore suffisant ni assez fiable, et il n'est pas réparti de manière suffisamment large et équitable.

Nous connaissons l'ampleur du défi : les impacts climatiques s'aggravent, mais le déficit de financement de l'adaptation reste beaucoup trop important.

Dans le même temps, le poids de la dette augmente et un trop grand nombre de pays parmi les plus vulnérables ont encore du mal à accéder aux ressources qui ont déjà été promises.

Nous sommes donc à un moment important. Les pays développés parties ont été invités à au moins doubler leur financement collectif de l'adaptation par rapport aux niveaux de 2019 d'ici cette année.

Un bon moyen d'atteindre cet objectif et ceux que nous avons convenus à Bakou l'année dernière consiste à tripler les flux sortants des fonds climatiques de la CCNUCC d'ici 2030.

Le Fonds d'adaptation, le Fonds pour les pays les moins avancés et le Fonds spécial pour le climat jouent un rôle essentiel, car ils contribuent de manière importante à l'augmentation des financements destinés aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires en développement.

En fin de compte, il ne s'agit pas de chiffres abstraits. Ce sont des bouées de sauvetage.

Ils déterminent si les petits États insulaires peuvent protéger leurs côtes.

Si les pays les moins avancés peuvent adapter leur agriculture pour survivre à la sécheresse.

Si les économies émergentes peuvent abandonner les combustibles fossiles sans créer de nouvelles inégalités.

Ce dialogue peut envoyer un signal très clair : les Parties s'engagent non seulement à augmenter le financement, mais aussi à le rendre plus accessible, plus prévisible et plus conforme aux priorités nationales.

Cela signifie renforcer le financement public – par le biais de subventions, de ressources concessionnelles et d'instruments ne créant pas de dette.

Cela signifie simplifier l'accès et réduire les coûts de transaction afin que le financement parvienne à ceux qui en ont le plus besoin.

Cela signifie mener une action coordonnée pour relever les défis systémiques – dette élevée, coûts élevés du capital, marge de manœuvre budgétaire limitée – et faire un usage innovant des capitaux propres, des garanties et des échanges de dette contre des mesures climatiques.

Et cela signifie développer les mécanismes de financement mixte et de partage des risques qui peuvent multiplier les investissements privés en faveur d'une croissance résiliente au changement climatique et à faibles émissions.

Je sais que les ressources sont limitées partout dans le monde et que la mise en œuvre n'est pas facile.

Mais le financement climatique n'est pas de la charité, c'est une économie intelligente.

Car l'action climatique, soutenue par le financement climatique, est l'histoire de la croissance du XXIe siècle.

Alors que vous vous préparez pour la prochaine phase des travaux au titre de l'article 9.5, je vous invite instamment à rendre les résultats aussi clairs et concrets que possible, afin qu'ils offrent une réelle visibilité aux pays en développement et démontrent des progrès tangibles dans la mise en œuvre du financement.

Car un bon reporting renforce la crédibilité, la crédibilité renforce la confiance, et chaque signe de confiance renforce la confiance dans le processus, ce qui permet une mise en œuvre beaucoup plus importante dans l'économie réelle.

Mesdames et Messieurs les Ministres,

De la COP 30, le monde attendrala preuve que la coopération climatique porte ses fruits.

Un financement réel, rapide et équitable, est essentiel pour apporter cette preuve.

Car lorsque les financements affluent, les ambitions grandissent.

Et lorsque les ambitions grandissent, la mise en œuvre suit, créant des emplois, allégeant le coût de la vie, améliorant la santé, protégeant les communautés et garantissant une planète prospère et plus résiliente pour tous.

Utilisons donc ce dialogue pour réaffirmer notre engagement envers l'objectif commun qui nous a réunis à Paris il y a dix ans.

Montrons, grâce à la prévisibilité et à la transparence du financement climatique, que nous sommes déterminés à agir pour les populations et pour la planète, en libérant les immenses avantages de l'action climatique pour tous, partout dans le monde.

Je vous remercie.