Définir la nouvelle ère de l'action climatique ; soutenir l'Accord de Paris et passer à la vitesse supérieure lors de la COP 30 et au-delà; Simon Stiell à la NYC Climate Week
23 septembre 2025
Discours de l’ONU Changements Climatiques
Simon Stiell at Climate Week NYC 2025
Credit: Rafa Neddermeyer/COP30 Brasil Amazônia/PR

Vous trouverez ci-dessous la traduction en français de remarques prononcées par Simon Stiell, secrétaire exécutif d'ONU Climat, lors de la Semaine du climat à New York, le 22 septembre 2025, à l'occasion d'un événement phare organisé par Mission 2025, axé sur l'essor de la nouvelle économie, et lors du lancement de la nouvelle série de podcasts Inside COP 30, par Outrage & Optimism.

Mes amis,

On me demande souvent : que faut-il faire maintenant ?

En vérité, beaucoup de choses. Mais permettez-moi de résumer.

Cette nouvelle ère d'action climatique doit consister à rapprocher notre processus de l'économie réelle : accélérer la mise en œuvre et diffuser les avantages colossaux de l'action climatique à des milliards de personnes supplémentaires.

C'est en rapprochant les salles du conseil des ministres des salles de réunion et des salons que nous pourrons dynamiser l'action climatique et mener à bien cette tâche.

Ce n'est pas une tâche facile. Mais ensemble, nous avons construit des bases extraordinaires.

Car si l'on fait abstraction du bruit ambiant, les faits montrent que le monde s'aligne sur l'Accord de Paris.

Les investissements dans les énergies renouvelables ont été multipliés par dix en dix ans.

La transition vers les énergies propres est en plein essor dans presque toutes les grandes économies et a atteint 2 000 milliards de dollars américains rien que l'année dernière.

Mais cet essor est inégal. Ses immenses avantages ne profitent pas à tous.

Parallèlement, les catastrophes climatiques frappent chaque année plus durement toutes les économies et toutes les sociétés.

Nous devons donc passer à la vitesse supérieure rapidement.

La bonne nouvelle, c'est que nous n'attendons pas de miracles.

L'économie est de notre côté. Aujourd'hui, plus de 90 % des nouvelles énergies renouvelables coûtent moins cher que la nouvelle option fossile la moins chère.

Les technologies et les solutions existent déjà.

Énergie propre, électrification, efficacité et stockage, renforcement de la résilience.

Les outils sont là et sont mis à contribution.

Mais pour accélérer leur mise en œuvre, nous avons besoin que ces outils soient entre les mains de chaque nation.

Car la prochaine étape consiste à étendre cet alignement sur l'Accord de Paris pays par pays, secteur par secteur, à tous les flux financiers, en utilisant le prochain bilan mondial comme calendrier pour y parvenir.

Pour réussir dans un monde en mutation rapide, nous devons exploiter les multiplicateurs de force.

Prenons l'exemple de la transformation industrielle : une industrie propre est le fondement d'économies plus fortes, de chaînes d'approvisionnement plus résilientes, de coûts plus bas et d'émissions plus faibles.

Pourtant, des projets d'une valeur de 1 600 milliards de dollars restent inexploités.

C'est un potentiel gaspillé.

Au cours des cinq prochaines années, nous pouvons réaliser d'énormes progrès, grâce à l'énergie des innovateurs et des entrepreneurs, avec le soutien des gouvernements alignés sur l'Accord de Paris, et créer des millions d'emplois de qualité.

C'est pourquoi je soutiens pleinement Build Clean Now, une initiative mondiale* visant à accélérer la transition vers une industrie propre, menée par l'Industrial Transition Accelerator, qui sera lancée cet après-midi.

Le même principe s'applique à l'IA.

L'IA n'est pas une solution toute faite et elle comporte des risques. Mais elle peut aussi changer la donne. Nous devons donc aujourd'hui en atténuer les aspects dangereux, en renforcer les aspects catalyseurs et l'utiliser à bon escient.

Je rejoins le Secrétaire général de l’ONU: si vous gérez une grande plateforme d'IA, alimentez-la avec des énergies renouvelables et innovez pour améliorer l'efficacité énergétique.

Les emplois et les moyens de subsistance doivent être protégés. Utilisée correctement, l'IA libère le potentiel humain, elle ne le remplace pas. C'est l'approche que nous adoptons au Secrétariat, alors que nous explorons comment l'IA peut améliorer notre propre travail.

Le plus important est son pouvoir de générer des résultats concrets : gestion des micro-réseaux, cartographie des risques climatiques, orientation vers une planification résiliente. Ce n'est qu'un début.

Alors que cette nouvelle ère de mise en œuvre s'accélère, nous devons également continuer à évoluer et à nous efforcer de prendre des décisions plus rapides, pleinement inclusives et de meilleure qualité, qui rapprochent encore davantage le processus formel des économies réelles et des vies réelles.

J'ai demandé à des experts chevronnés d'examiner comment notre processus pourrait être amélioré, dans le cadre des mandats qui nous ont été confiés par les Parties. Je recevrai leurs idées dans le courant de l'année. Nous consulterons en 2026 sur celles que nous souhaitons poursuivre, en premier lieu avec les Parties qui sont en fin de compte responsables de ce processus.

Mais, mes amis, nous ne devons jamais perdre de vue le chemin que nous avons parcouru.

Imparfait, certes, mais les récentes COP ont donné des résultats concrets et permis des avancées mondiales.

Sans la coopération climatique des Nations unies, nous nous dirigions vers un réchauffement de 5 degrés, un avenir impossible. Aujourd'hui, nous sommes plus proches de 3 degrés. C'est encore trop élevé, mais la courbe s'infléchit. Plus tard dans l'année, nous verrons dans quelle mesure la prochaine série de plans nous rapprochera de l'objectif de 1,5 degré.

Nous publierons également un rapport d'étape sur les efforts d'adaptation et un premier aperçu de la mise en œuvre à partir des rapports de transparence.

La feuille de route vers 1 300 milliards de dollars devrait également être présentée par les présidences de la COP 29 et de la COP 30 avant la COP.

Nous devons être lucides et reconnaître ce que toutes ces données nous indiquent, à la fois les risques et les opportunités.

Et ensuite, tous les regards se tourneront vers la COP 30.

Que doit-elle faire ?

Elle doit réagir : à l'état des CDN, à la feuille de route vers 1 300 milliards de dollars par an de financements accessibles, déployables rapidement et à grande échelle, aux progrès réalisés et aux domaines où une accélération est la plus nécessaire. Elle doit montrer que le multilatéralisme climatique continue de porter ses fruits, avec des résultats solides dans toutes les négociations.

Elle doit encourager une mise en œuvre plus rapide et plus large, dans tous les secteurs et toutes les économies, en particulier ceux qui n'ont pas encore pris en compte les risques et les opportunités liés au climat.

Elle ne doit laisser personne de côté. Cela signifie qu'elle doit aider les plus vulnérables dans toutes les régions, en particulier les pays émergents et en développement.

Et elle doit s'adresser plus clairement à des milliards de personnes supplémentaires, en montrant qu'une action climatique audacieuse signifie de meilleurs emplois, un niveau de vie plus élevé, un air plus pur, une vie plus saine, une alimentation sûre, une énergie et des transports abordables.

C'est l'histoire de l'émergence d'une nouvelle économie, et cette série de podcasts COP 30 réalisée par Outrage and Optimism est une excellente occasion de la raconter à un plus grand nombre de personnes à travers le monde.

Mes amis, reconnaissons également que l'histoire climatique mondiale ne commence ni ne s'achève avec la COP 30. Chaque COP s'appuie sur la précédente. C'est ainsi que nous progressons et obtenons des résultats.

Chaque COP a ses défis. Et il y a toujours des détracteurs. Mais ils ne font parler d'eux que si nous leur donnons de l'importance.

À l'heure actuelle, nous devons réaffirmer notre engagement en envoyant un signal fort et sans équivoque : le monde reste fermement attaché à l'Accord de Paris et pleinement engagé dans la coopération climatique, car cela fonctionne et, ensemble, nous accélérerons les choses.

Non seulement à la COP, mais ici à New York, au G20, à la pré-COP et dans tous les forums.

Alors continuons sur notre lancée et intensifions nos efforts. L'humanité ne peut pas se permettre de laisser cet élan s'essouffler.

Reconnaissons. Réaffirmons. Réagissons. C'est la voie à suivre pour atteindre Belém, la traverser et aller au-delà.

Merci.