Arctique : son destin dépend de l’application de l’Accord de Paris, selon P. Espinosa
14 mai 2019
Article
Arctic Espinosa Paris Agreement
Credit: Bruno Camargo/Unsplash
The melting of the Greenland ice cap and Arctic glaciers is contributing to around one third of sea level rise worldwide, and there is the risk of accelerating climate feedback loops, given that around half trillion tons of the powerful greenhouse gas methane are trapped in Arctic permafrost and could be released from the melting ice.

ONU Changements climatiques Infos, 13 mai 2019 - Patricia Espinosa, plus haut responsable de l'ONU en matière de changement climatique, a averti que la mise en œuvre intégrale et rapide de l'Accord de Paris sur le changement climatique est cruciale pour protéger l’Arctique, et que dans le cas contraire, cela aurait des conséquences dramatiques pour la planète entière.

La fonte de la calotte glaciaire du Groenland et des glaciers arctiques contribue à environ un tiers de l'élévation du niveau de la mer dans le monde, et il existe un risque d'accélération des boucles de rétroaction, étant donné qu'environ 500 milliards de tonnes de méthane, puissant gaz à effet de serre, sont piégées dans le permafrost arctique et pourraient être libérées suite à la fonte des glaces. Mme Espinosa, Secrétaire exécutive de l'ONU Changements climatiques, a ainsi déclaré :

« Ce qui se passe dans l'Arctique ne reste pas dans l'Arctique, a-t-elle dit. « Si nous voulons nous attaquer au changement climatique dans la région, ainsi qu'à toutes ses conséquences, nous devons adopter le multilatéralisme, nous engager à ratifier l'Accord de Paris et augmenter considérablement nos ambitions climatiques d'ici 2020 - date à laquelle de nouvelles contributions déterminées au niveau national seront déposées. »

Participant au "Forum international de l'Arctique" qui s'est tenu à Saint-Pétersbourg le mois dernier, Patricia Espinosa a déclaré que la région arctique présente à la fois des défis et des opportunités en termes de changement climatique.

Elle a fait remarquer que mobiliser la puissance des technologies, comme dans d'autres parties du monde, peut aider à minimiser les répercussions climatiques, compte tenu du fait que l'Arctique offre de grandes possibilités liées à l'énergie hydroélectrique, éolienne, géothermique, marémotrice et solaire.

« Il n'y a aucune règle qui dit que ces technologies doivent rester fixées au sud du 60e parallèle. Si l'Arctique doit être ouvert, nous devons utiliser les formes d'énergie les plus propres possibles », a-t-elle dit.

Patricia Espinosa a également évoqué des initiatives présentées par l'ONU qui démontrent comment les populations de l'Arctique peuvent bénéficier des nouvelles technologies pour renforcer leur résilience aux effets inévitables du changement climatique.

Un exemple est une technologie surnommée SmartICE Partners, qui a été mise à l’honneur par l'initiative Momentum for Change de l'ONU Changements climatiques. Cette technologie permet aux opérateurs inuits formés d'acquérir et de diffuser de l'information sur l'épaisseur de la glace de mer et les caractéristiques de la surface, en temps quasi réel, ce qui les aide à prendre des décisions sur le moment et la façon de voyager dans des conditions de plus en plus imprévisibles et dangereuses.

Mme Espinosa a également fait remarquer que si la fonte des glaciers de l'Arctique peut ouvrir des perspectives économiques en termes de tourisme, de transport et d'extraction de ressources, il faut adopter davantage de durabilité pour garantir que la croissance économique et la prospérité soient équilibrées avec la protection des délicates réalités environnementales de la région.

« La seule possibilité qui existe est celle de s'attaquer aux changements climatiques, et les entreprises et les gouvernements qui en tireront parti en premier dirigeront l’économie future de ce siècle », a-t-elle dit.

L'Arctique, une zone fragile

L'Arctique est plus vulnérable, car il se réchauffe presque deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Selon les annonces de l'OMM sur l'État du climat mondial en 2018, la température moyenne de l'Arctique a été particulièrement chaude en 2018, la température moyenne annuelle dépassant largement 2 degrés Celsius et 3 dans certains endroits, ce qui est « exceptionnellement élevé par rapport à la moyenne à long terme ».

Par conséquent, l'étendue de la glace de mer dans l'Arctique a été bien inférieure à la normale tout au long de 2018 et, de 1979 à aujourd'hui, la glace de mer dans l'Arctique a diminué d'environ 40 %, selon l'ONU Environnement. Les modèles climatiques prévoient qu'au rythme actuel des émissions de CO2, les étés arctiques seront libres de glace d'ici 2030.

L'augmentation de la température dans la zone arctique affectera également la biodiversité de la région. « Alors que l'Arctique peut sembler à certains un paysage glacé et stérile, c'est une riche mosaïque d'espèces reliées entre elles », a déclaré la Secrétaire exécutive de l'ONU Changements climatiques.

Par ailleurs, l'Arctique abrite des milliers d’autochtones, mais leurs droits dans le monde entier ont trop souvent été considérés comme « secondaires par rapport aux opportunités économiques ». Par exemple, en raison des changements climatiques et du réchauffement des hivers, la productivité de la forêt boréale augmentera et le nombre de rennes diminuera, ce qui aura des répercussions sur les moyens de subsistance et la culture du peuple sami.

Le 5e Forum international de l'Arctique a réuni les 9 et 10 avril derniers à Saint-Pétersbourg en Russie, des représentants de gouvernements, d'organisations internationales, des milieux scientifiques et du monde des affaires de la région pour un débat axé et un échange approfondi sur les enjeux actuels ayant une incidence sur la croissance durable dans l'Arctique.