Le changement climatique met la stabilité mondiale à risque
1 mars 2017
Article

La Californie a également été touchée par de sévères sécheresses et subit actuellement des pluies torrentielles et des inondations. Cette semaine, l'ancien conseiller américain à la sécurité nationale, Richard Clarke, a déclaré que le changement climatique est le plus grand risque pour la Californie - et pour l'ensemble des États-Unis - et que la montée des eaux provoquera probablement un chaos planétaire, avec le potentiel de déplacer des millions de personnes.

« Les Californiens et tous ceux qui vivent sur la côte doivent s'inquiéter de l'élévation du niveau de la mer, qui peut se produire beaucoup plus rapidement que prévu », a-t-il ajouté. « Le chaos mondial qui se produira si l'élévation du niveau de la mer se produit à l’échelle où elle le pourrait, et avec la rapidité à laquelle elle le pourrait, quand vous avez des millions de personnes en mouvement, ... cela résulte normalement, comme nous l'avons vu dans le cas de la crise des réfugiés syriens, en un désordre politique et des problèmes de sécurité », a-t-il conclu.

Clarke considère que le changement climatique nécessitera d'énormes investissements pour contenir les inondations et reconstruire les infrastructures. « À tel point que vous n'aurez pas d'argent pour vous permettre la continuation d’un dispositif de défense tel que celui que nous avons actuellement », a-t-il indiqué.

Ses commentaires font écho aux conclusions du rapport 2017 sur les risques mondiaux du Forum économique mondial : ce dernier présente l'environnement comme l’élément dominant du  paysage mondial des risques 2017 en termes de répercussions et de vraisemblance. Les événements météorologiques extrêmes, les grandes catastrophes naturelles et l'échec de l'atténuation des changements climatiques (réduction des émissions de gaz à effet de serre) et de l'adaptation (renforcement de la résilience au changement climatique) figurent parmi les risques environnementaux les plus importants du rapport. 

Le Secrétaire général de l’ONU António Guterres lors de la conférence de Munich sur la sécurité en 2017 (Crédit photo: MSC/Kuhlmann)

C’est en constatant la centralité des changements climatiques et de la pression subie par les ressources dans l’augmentation de la probabilité de conflits et de graves crises humanitaires que le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé la communauté internationale à se rallier à l'Accord de Paris sur les changements climatiques, qui vise à mettre le monde sur la voie du bas carbone et d’une plus grande résilience.

Il a fait cette déclaration lors de la conférence de Munich sur la sécurité, où la Secrétaire exécutive de la CCNUCC, Patricia Espinosa, a déclaré que « le changement climatique est la menace multiplicatrice qui aggrave les pressions sociales, économiques et environnementales, qui mènent à des bouleversements sociaux, voire même de possibles conflits violents ».

Selon elle, « le scénario » du changement climatique ne devrait pas seulement être énoncé en termes de rareté des ressources, de conditions météorologiques extrêmes et de la nécessité de favoriser l'énergie propre. Le récit doit aller au-delà et présenter le changement climatique comme un risque complexe et multidimensionnel, au centre duquel se situent sécurité et stabilité.

« Si nous ne parvenons pas à réduire les émissions et à renforcer notre capacité à faire face aux répercussions, à long terme, le changement climatique entraînera davantage de perturbations, d'instabilité et de déplacements à mesure que les répercussions s'intensifieront. Le monde sera moins stable, moins sûr... Nous devons redoubler nos efforts ou ce scénario aura une fin radicalement différente ».

Le rapport de sécurité du G7 sur le changement climatique reste absolument pertinent

Les avertissements à propos du changement climatique en tant que risque énorme pour la sécurité et les appels pour que la question soit traitée de manière systématique et aux plus hauts niveaux de la société ne sont pas nouveaux. Un rapport fondamental sur le changement climatique et la sécurité a été publié en 2015, année où l'Accord historique de Paris sur le changement climatique a été adopté.

« Un nouveau climat pour la paix: agir sur les risques liés au climat et à la fragilité », rapport commandé par des membres du G7, présente sept risques de « fragilité climatique » qui représentent de sérieuses menaces à la stabilité mondiale dans les prochaines décennies et sont absolument valides et pertinents en 2017.

Graphique extrait de l’étude « Un nouveau climat pour la paix: agir sur les risques liés au climat et à la fragilité »

Les sept risques présentés dans le rapport sont:

  1. La concurrence pour les ressources locales
  2. L'insécurité des moyens de subsistance et migration
  3. Les conditions météorologiques extrêmes et catastrophes
  4. La volatilité des prix des denrées alimentaires et provision
  5. La gestion des eaux transfrontalières
  6. La hausse du niveau de la mer et dégradation des côtes
  7. Les effets non souhaités des politiques climatiques

L'intégration du climat, du développement, de l'aide humanitaire et de la construction de la paix est essentielle

Les auteurs de l'étude affirment qu’il est critique d'intégrer le climat, le développement, l'aide humanitaire, et les efforts de consolidation de la paix pour faire face à ces risques. 

Par exemple, les programmes d'adaptation aux changements climatiques aident les pays à en anticiper les effets néfastes et à prendre des mesures pour les empêcher et réagir à leurs répercussions potentielles. Les auteurs du rapport considèrent la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) comme une plate-forme clé pour aider les pays à préparer des plans d'adaptation aux changements climatiques et à financer leur mise en œuvre. 

Et tandis que les programmes de développement et d'aide humanitaire aident les nations à renforcer leurs capacités et améliorer leur résilience aux chocs, les programmes de consolidation de la paix réduisent les tensions et créent un environnement propice à une paix durable, qui contribue à prévenir les conflits. 

Le rapport indique que la résilience peut être atteinte comme un objectif primordial des trois secteurs politiques, grâce à une approche coopérative multidimensionnelle nationale et internationale.

Graphique extrait de l’étude « Un nouveau climat pour la paix: agir sur les risques liés au climat et à la fragilité »

1. Évaluation globale des risques

La mise en place d'une méthodologie d'évaluation des risques unifiée pour identifier les risques liés au climat et conclure sur des actions concrètes.

2. Sécurité alimentaire

Des mesures d'atténuation des risques liées à l'insécurité alimentaire devraient être prises à court terme. À plus long terme, l'amélioration des stratégies établies qui favorisent l'utilisation des approvisionnements locaux et stimulent les marchés locaux est nécessaire.

3. Réduction des risques de catastrophe

Les efforts doivent passer de la gestion des crises causées par les catastrophes à la gestion des risques, à l’aide d’un investissement stable destiné à la prévention des crises.

4. Les différends transfrontaliers en matière d'eau

Les institutions locales et nationales de gestion de l'eau doivent être renforcées. Il conviendrait également de renforcer les efforts déployés actuellement pour encourager la coopération entre les gouvernements dans le domaine des bassins fluviaux transfrontaliers.

5. Renforcer la résilience locale face aux risques de fragilité climatique

La résilience aux risques liés à la fragilité climatique doit faire partie intégrante de l'aide au développement, au lieu d'un complément facultatif. Les actions locales d'adaptation au changement climatique peuvent être encouragées et elles fonctionnent au mieux avec l'entrepreneuriat local, un leadership national engagé et un soutien international constant.

Le rapport indique également que les gouvernements du G7 (et d'autres) ont la capacité collective pour aider à démolir les barrières sectorielles et les approches cloisonnées qui ont empêché bon nombre de ces processus de traiter les risques de fragilité climatique. Les partenaires de développement devraient collaborer pour améliorer le conseil à propos de la planification nationale de l'adaptation par le biais des processus pertinents de la CCNUCC, et veiller à ce que les pays en situation de fragilité soient systématiquement soutenus.

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