L'Accord de Paris autonomise les femmes pour agir pour le climat
16 février 2016
Article

Les gouvernements, les institutions et les organismes envisagent de plus en plus de façons pour que les femmes et les questions de genre puissent être mieux intégrées dans la planification de l’action climatique. L'Accord de Paris sur les changements climatiques et les objectifs de développement durable de l'ONU qui ont été adoptés l'an dernier accélèrent cette tendance positive.

Par exemple, les femmes au travers du monde, en particulier à la campagne, souffrent plus gravement de la pauvreté énergétique que les hommes. La collecte de combustibles coûte un temps et un travail considérables aux femmes, qui sont souvent exposées à des risques de santé dus à l’exposition dangereuse à la combustion de la biomasse pour la cuisson et autres tâches ménagères. De bonnes politiques et initiatives peuvent améliorer cette situation.

Les recherches menées par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) montre que des 160 plans d'action climat nationaux (« Contributions prévues déterminées au niveau national », ou INDC, en anglais), 38% mentionnent explicitement les termes «femmes» ou «genre» dans le contexte des ambitions nationales. Trente et une INDC référencent une dimension de genre à la fois pour les composantes d'atténuation (efforts de réduction des émissions) et d'adaptation de leurs engagements, et 4 pays incluent spécifiquement le genre dans le domaine de l’atténuation.

Le Bureau mondial du genre (GGO, en anglais) de l'UICN déclare que 44% des stratégies de développement à faibles émissions (ou LEDS, en anglais) mises au point par les gouvernements exigent un engagement soit à intégrer le genre dans les politiques nationales, soit un lien entre l'inégalité des sexes et la vulnérabilité au changement climatique.

Cette tendance est encore plus évidente dans les huit documents détaillés des Mesures d'atténuation appropriées au niveau national (ou MAAN) disponibles. Les MAAN se réfèrent à toute action qui réduit les émissions dans les pays en développement et est préparée dans le cadre d'une initiative gouvernementale nationale. Elles peuvent consister en politiques visant à un changement transformationnel au sein d'un secteur économique, ou en mesures recoupant plusieurs secteurs pour une orientation nationale plus large. Sept de ces documents comprennent les mentions de «femmes» ou de «genre» dans les objectifs ou résultats proposés.

Les plans d'action climat nationaux varient d’un pays à l’autre

Les considérations de genre dans les plans d'action climat nationaux associent les priorités climatiques nationales avec la situation des femmes et sont donc variées. Par exemple, dans la partie dédiée à l'atténuation de l’INDC du Sénégal, le pays reconnaît qu’améliorer l'accès des ménages à des sources d'énergie perfectionnées allégera la charge de travail domestique des femmes. La République dominicaine reconnaît les femmes en tant qu’agents de changement pour un avenir sobre en carbone. L’INDC de la Jordanie propose une approche exhaustive de l'égalité des sexes dans tous les secteurs de développement et appelle à des prestations équitables entre les sexes par le biais des mécanismes de financement du climat.

Le Sénégal, la République dominicaine et la Jordanie sont responsables de très peu des émissions de GES mondiales par rapport à des pays comme les États-Unis et la Chine, et font pourtant preuve de leadership en matière d'égalité.

Cependant, les 61 INDC qui font référence aux «femmes» et / ou au «genre» ne comptent que pour 18% des émissions de GES dans le monde (selon les données de 2012). Cette statistique reflète peut-être une prise de conscience internationale des corrélations entre égalité des sexes et changement climatique au sein du thème du développement.

En Afrique subsaharienne (ASS), plus des deux tiers de la population est privée d’accès aux sources modernes d’énergie. De ce fait, les INDC tenant compte des problématiques de genre et d’autres activités d’atténuation donnent l’occasion d’améliorer les moyens de subsistance des femmes, d’engager des activités d’atténuation dans la région et d’y inclure les femmes. Soixante-dix pour cent des INDC soumises par les pays de l’ASS comprennent un mot-clé sur le genre ou les femmes, surpassant les autres groupes régionaux.

Mesures d'atténuation appropriées au niveau national (MAAN)

Étant donné que la publication des informations relatives aux MAAN est volontaire et à la discrétion des gouvernements et de ceux qui parrainent les projets, il est difficile d’effectuer une évaluation complète de ces documents. Pourtant, sept des seuls huit documents détaillés de conception de MAAN disponibles comprennent les mentions de « femmes » ou de « genre » dans les objectifs ou résultats proposés.

La MAAN du Cameroun promeut les cuisinières propres

Étant donné que la publication des informations relatives aux MAAN est volontaire et à la discrétion des gouvernements et de ceux qui parrainent les projets, il est difficile d’effectuer une évaluation complète de ces documents. Un des sept documents détaillés de conception de MAAN analysés par le GGO qui mentionne les femmes ou le genre dans les objectifs ou résultats proposés vient du Cameroun.

Dans ce pays, près de 80% de la population dépend de l’énergie de la biomasse pour cuisiner à la maison, ce qui contribue à la déforestation et à une exposition accrue à la pollution de l’air à l’intérieur : les femmes sont les plus affectées. Le Cameroun développe une MAAN qui promeut l’accès à cuisinières efficaces pour améliorer l’état de santé des femmes, tout en réduisant la pression sur les forêts.

La MAAN de Vanuatu met l’accent sur l’électrification rurale

Par-delà les océans, dans le petit État insulaire de Vanuatu – l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique – seulement un tiers des ménages a accès à l’électricité. Les approches innovantes sensibles à la problématique du genre dans les mesures d’atténuation sont critiques pour cette région pour réduire l’ampleur des défis interconnectés de développement posés par la pauvreté énergétique, l’inégalité des sexes et le changement climatique.

Ainsi, la NAMA de Vanuatu pour le secteur de l’énergie porte sur l’électrification rurale. Elle inclut une mesure visant à accroître l’engagement du secteur privé dans l’électrification rurale et incite à la création d’entreprises dirigées par des femmes.

Faibles émissions et égalité des sexes vont de pair au Bhoutan

Des 27 stratégies de développement à faibles émissions (LEDS, en anglais) analysées par le GGO, 12 comprennent soit l’engagement d’intégrer le genre aux politiques nationales soit le lien entre l’inégalité des sexes et la vulnérabilité au changement climatique. Par exemple, dans sa LEDS, le Bhoutan a développé une évaluation des besoins en capacités pour identifier les besoins relatifs au genre dans le développement de politiques climatiques et pour fournir des données différenciées par genre de façon à éclairer la prise de décision. Les activités énumérées dans la stratégie du genre comprennent un engagement des parties prenantes ainsi que des activités de renforcement des capacités pour accroître la participation des femmes dans l’économie des secteurs du transport, des déchets et de l’immobilier.

Pour davantage d’information sur notre travail, rendez-vousvisite ici et suivez- nous sur Twitter. Pour visionner nos webinaires sur l’égalité des sexes et l’atténuation, cliquez ici.

À propos de l’initiative « Égalité des sexes face aux opportunités liées au changement climatique » (GECCO)

Le GGO est engagé à soutenir, par le biais de son initiative pour l’égalité des sexes face aux opportunités liées au changement climatique, entre autres activités, au travers de la coordination d’une communauté de praticiens, qui inclue des experts du genre, en énergie et en atténuation climatique, l’élaboration de produits d’information tels que ce dossier sur le genre et l’atténuation, ainsi que le partage de la connaissance par le biais d’une série de webinaires hébergés sur sa Plateforme dédiée à la problématique du genre dans les énergies renouvelables (G-REEN).

Lire l'article original en anglais sur Namanews.org

Crédit photo: United Nations Photo Gallery.