L'ONU aide l'industrie de la mode en transition vers une économie bas-carbone
15 août 2018
Article
Eco Fashion Week
Credit: Flickr: Wesc - Aveda Eco Fashion Week
Eco Fashion Week, Vancouver, BC
Mode durable

ONU Changements climatiques Infos, 6 septembre 2018 – Alors que le petit monde de la mode se réunit en ce moment pour les Semaines de la mode - les Fashion Weeks - , l'industrie qui pèse 2,5 billions de $ connaît une transformation significative. Avec l'aide de l'ONU, de plus en plus d'entreprises s'orientent vers des modèles commerciaux plus durables aidant ainsi à lutter contre le changement climatique et à atteindre les Objectifs de Développement Durable.

Le secteur de la mode - production de tous les vêtements que les gens vont porter incluse - contribue à environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre du fait de ses longues chaînes d'approvisionnement et de son mode de production à forte intensité énergétique. Ce secteur consomme plus d'énergie que les industries de l'aviation et du transport maritime réunies.

Pour célébrer les créateurs de mode et les entreprises internationales qui font la promotion du développement durable, l'ONU Changements climatiques, en collaboration avec le ministère italien de l'Environnement et d'autres partenaires, organise régulièrement un défilé de mode alternatif appelé la "Semaine de la Mode verte". Sa 7e édition a eu lieu à Dubaï au début de 2018 et a montré comment certaines marques de mode durable ouvrent déjà la voie à des modèles économiques moins destructeurs.

Changer les pratiques de ce secteur pour réduire les émissions de CO2 est essentiel pour limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, conformément aux objectifs de l'Accord de Paris sur le changement climatique.

En plus de sa chaîne d'approvisionnement et de ses processus de production à forte intensité carbone, l'industrie de la mode consomme beaucoup d'autres ressources précieuses.

Pour confectionner un jeans en denim, il faut 10 000 litres d'eau rien que pour faire pousser le kilo de coton nécessaire à sa fabrication. En comparaison, il faudrait 10 ans à un humain pour boire 10 000 litres d'eau.

Au total, cette industrie produit environ 20 % des eaux usées dans le monde. De surcroît, 85 % des textiles finissent dans des décharges ou sont incinérés alors que la plupart des matériaux qu’on y trouve pourraient être réutilisés.

Un bon exemple démontre néanmoins l’ambition croissante de ce secteur qui souhaite respecter davantage l'environnement: c’est l'initiative conjointe appelée l'Alliance des Nations Unies pour une mode durable, coparrainée par 10 organisations des Nations Unies, dont l'ONU Changements climatiques.

La Banque mondiale contribue à l'Alliance par le biais de son initiative Connect4Climate, un partenariat qui rassemble plus de 500 acteurs dans le monde entier pour soutenir le leadership climatique. Plus récemment, l'initiative a lancé le projet de réalité virtuelle "X-Ray Fashion VR" qui emmène le public à travers le cycle de vie de la production de vêtements et souligne les effets nocifs sur notre climat et notre environnement.

Afin de sensibiliser le public à l'impact de la mode sur l'environnement, Michelle Yeoh, ambassadrice itinérante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), explique comment on peut avoir recours à des matériaux à base de bois pour une mode durable dans cette vidéo "Made in Forests".

Credit: UNECE

L'ONU Changements climatiques encourage la mode durable par le biais de sa campagne Climate Neutral Now (CNN) qui relie les entités voulant compenser leurs émissions de carbone avec des investissements impliqués dans la réduction des émissions de CO2, à travers le monde en développement.

Lindita Xhaferi-Salihu, qui travaille pour Climate Neutral Now, a décrit l'implication de CNN dans la mode durable comme « le lancement d'une initiative multipartite pour mobiliser la mode autour de l'action climatique à travers trois axes d’intervention: permettre une collaboration “au sein du secteur”; faciliter le dialogue avec les équipes dirigeantes; mobiliser les énergies et reconnaître le travail effectué. »

Lors de la grande conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui s'est tenue en novembre 2018 à Bonn, en Allemagne, l'industrie de la mode a présenté les mesures qu'elle a d’ores et déjà prises, ou qu'elle compte prendre, pour soutenir les objectifs de l'Accord de Paris sur le changement climatique.

Par exemple, le géant de la mode rapide (fast-fashion), la chaîne suédoise H&M, a fait part de sa stratégie de recours à 100 % d'énergies renouvelables d'ici 2040 avec un modèle de production entièrement circulaire, dans lequel le sous-produit d'une branche contribue à la réalisation de l'objectif d'une autre.

Autres exemples inspirants d'actions en faveur du climat dans le secteur de la mode

Le Rapport 2018 “Le Pouls de l’industrie de la Mode” contient quant à lui des nouvelles positives. Depuis le rapport de l'an dernier, on note de manière générale, une augmentation de 6 % des efforts en faveur de la durabilité dans l'ensemble de l'industrie du textile. Les points faibles du secteur sont les petites et moyennes entreprises, dans les segments de prix d'entrée et de milieu de gamme, qui représentent un peu plus de 50 % de l'ensemble de l'industrie; cela met en évidence les problèmes d'échelle dans la mise en œuvre de mesures d’ordre général en matière de developpement durable. Cependant, des données présentées dans le rapport 2017 montraient que l'échec dans le déploiement de telles mesures dans la production de vêtements ferait perdre aux entreprises une augmentation de 2 % de leurs bénéfices d'ici 2030.

Par ailleurs, le célèbre fabricant de jeans Levi, Strauss & Co a annoncé un nouveau plan d'action contre le changement climatique. Grâce à des objectifs fondés sur des données scientifiques, l'entreprise prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % dans l'ensemble de sa chaîne mondiale d'approvisionnement d'ici 2025. Le plan prévoit également une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre dans toutes les installations détenues et exploitées par l’entreprise, ce qui passera par des investissements dans de l'énergie renouvelable sur place et dans l'amélioration de l'efficacité énergétique.