Déclaration de Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de l’ONU Changements climatiques, sur les résultats de la COP25
20 décembre 2019
Déclaration de l’ONU Changements Climatiques
Espinosa

Plusieurs jours ont passé depuis la clôture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques COP25, à Madrid, et il est important de procéder à une évaluation honnête et réaliste de ce qui s’est passé de manière à ce que les mesures appropriées puissent être prises par la communauté internationale pour orienter les prochaines étapes qui seront cruciales pour le processus climatique multilatéral, l’année prochaine.

Il faut être clair : la conférence n’a pas abouti à un accord sur les directives pour le marché du carbone dont nous avons tant besoin et qui est un outil essentiel pour accroître l’ambition, tirer parti du potentiel du secteur privé et générer le financement nécessaire pour l’adaptation. Les pays développés n’ont pas encore pleinement répondu aux appels lancés par les pays en développement pour un meilleur soutien en faveur du financement, de la technologie et du renforcement des capacités sans lesquels ils ne peuvent rendre leurs économies non polluantes et développer la résilience adéquate pour faire face aux effets du changement climatique. Les pays fortement émetteurs n’ont pas envoyé un signal suffisamment clair montrant qu’ils sont prêts à améliorer leurs stratégies climatiques et intensifier leur ambition au moyen des Contributions déterminées au niveau national qu’ils transmettront l’année prochaine.

Dans le même temps, dans les textes de décision définitifs, les gouvernements ont exprimé le besoin que les Parties et les acteurs non étatiques fassent preuve de plus d’ambition, et ils ont convenu d’améliorer la capacité des populations les plus vulnérables à s’adapter au changement climatique. De nombreuses décisions issues de la conférence de Madrid ont au moins reconnu le rôle du financement de l’action climatique, essentiel pour des mesures concrètes. Des décisions ont aussi été prises dans plusieurs domaines, notamment dans les domaines de la technologie, des océans et de l’agriculture, de l’égalité des sexes et du renforcement des capacités. Un vaste groupe de pays, régions, villes, entreprises et investisseurs ont fait part de leur intention d’atteindre zéro émission nette de CO2 avant 2050, dans le cadre de l’Alliance pour l’ambition climatique menée par le Chili. De plus, 114 pays ont également rejoint l’Alliance pour l’ambition climatique et annoncé leur intention de transmettre un plan d’action climatique amélioré l’année prochaine. La mise en garde qui s’impose est que trop peu de grandes économies ont indiqué qu’elles étaient prêtes à mettre l’accent sur l’ambition climatique dans leurs plans améliorés.

Les engagements pris par de nombreux secteurs de la société ont montré un accord presque unanime en faveur de la seule possibilité pour progresser : nous devons suivre ce que les données scientifiques nous disent, avec le sentiment d’urgence et le sérieux que cela exige. Nous devons maintenant concentrer toute notre attention sur les prochaines étapes afin de renforcer la confiance dans le processus multilatéral. Alors que nous nous acheminons vers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques COP26, à Glasgow, nous devons être unis et travailler dans un véritable esprit de multilatéralisme inclusif afin de concrétiser les promesses de l’Accord de Paris et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Je remercie les gouvernements du Chili et de l’Espagne pour les efforts considérables qu’ils ont déployés afin d’organiser la COP25, et je remercie toutes les organisations ayant le statut d’observateur, y compris le secteur privé, les jeunes et les scientifiques, de nous rappeler quotidiennement la nécessité de renforcer l’ambition. Je me réjouis de travailler avec les gouvernements du Chili, du Royaume-Uni et de l’Italie pour obtenir le meilleur résultat possible lors de la COP26, à Glasgow. Ensemble, avec tous les secteurs de l’économie et de la société au sens large, nous devons travailler sans relâche pour relever le plus grand défi de notre génération.