59 des plus grandes banques du monde incapables d’adopter des plans d’action climatique appropriés
22 février 2018
Rapport
coal2

ONU Changements climatiques Infos, 22 février 2018 - L’incapacité de 59 des plus grandes banques du monde de tenir compte des risques climatiques et des opportunités induites menacent de saper les efforts entrepris par certains acteurs déjà en transition vers une économie bas-carbone. C’est la principale conclusion d’un récent rapport du Boston Common Asset Management, intitulé « Le secteur bancaire sur la voie d’un avenir bas-carbone ».

Les banques jouent un rôle fondamental dans l’allocation des capitaux dans l’économie en fournissant des services financiers aux entreprises, aux ménages ou encore aux administrations ainsi qu’aux institutions financières.

De ce fait, les établissements bancaires sont exposés à des risques liés au changement climatique dont les phénomènes météorologiques extrêmes comme la recrudescence des canicules, sécheresses, précipitations, tempêtes ou la montée du niveau de la mer ou à des ajustements liés à la transition énergétique pour limiter les émissions de gaz à effet de serre qui pourraient créer des opportunités financières significatives.

En 2015, la communauté internationale a adopté l’Accord de Paris sur le changement climatique. Son principal objectif est de contenir l’élévation de la température moyenne mondiale nettement en dessous de 2°C et le plus près possible de 1,5°C.

Or, ce rapport indique que moins de la moitié (49%) des banques mettent en œuvre des évaluations des risques climatiques ou des analyses de scénarios à 2°C, et une majorité d’entre elles (61%) n'a pas encore réussi à limiter le financement du charbon - source d'énergie à la plus haute intensité carbone.

Étonnamment, le secteur bancaire mondial a même fourni 600 milliards de dollars de financement aux 120 principaux promoteurs de centrales à charbon entre 2014 et septembre 2017.

Pourtant, indique encore le rapport, les industries du pétrole, du gaz et du charbon vont subir des pertes de revenus significatives du fait de la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Par ailleurs, la non-conformité de certains projets d’investissement avec la trajectoire de 2°C compromettra leur viabilité financière.

Respecter l’objectif principal de l’Accord de Paris implique d’investir dans de nouvelles technologies comme les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie, la capture et le stockage du carbone. Tout ceci ne sera pas sans conséquences sur l’économie mondiale: les banques ne peuvent ignorer cela.

L’harmonisation du secteur avec les recommandations de la TCFD est trop lente

En septembre 2017, une lettre approuvée par plus de 100 investisseurs représentant près de 2 billions de dollars d'actifs sous gestion a été envoyée à plus de 60 banques les priant de s’aligner sur les directives du Groupe de travail sur la divulgation climatique (TCFD).

La TCFD (Task Force on Climate Disclosure), est le groupe de travail mis en place par le conseil de stabilité financière du G20 présidé par Michael Bloomberg et qui fournit des recommandations sur les risques financiers liés aux changements climatiques.

Bien que le rapport indique que 54% des banques disent soutenir la TCFD, l’alignement du secteur bancaire avec les recommandations de celle-ci avec bien trop lent.

Le rapport pointe en outre de grandes disparités régionales entre les banques du monde entier. Par exemple, 80% des banques européennes ont entrepris des évaluations du risque climatique, contre 33% en moyenne dans chacune des régions d'Amérique du Nord, d'Asie développée et des marchés émergents.

Atteindre l’objectif principal de l’Accord de Paris nécessite l’adaptation de toute l’économie mondiale en réorientant notamment les investissements afin qu’ils soient compatibles avec un développement durable et résilient face aux effets du changement climatique.

Lire l’article du Boston Common Asset Management ici

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