Exemples de plans climatiques ambitieux de quatre pays d'Afrique et d'Océanie
28 septembre 2022
Article
A group of delegates attending Africa Climate Week 2022 huddle around a table.

ONU Climat Infos, 28 Septembre 2022 - Bien que l'Afrique ait relativement peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre de la planète, le continent a subi certains des pires impacts du changement climatique, de la famine aux inondations en passant par les vagues de chaleur et la sécheresse. Mais malgré ces défis, le continent africain dispose également d'un énorme potentiel en matière d'action climatique.

Trois pays africains - l'Érythrée, le Maroc et le Rwanda - et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont partagé des exemples spécifiques de ce qu'ils font pour lutter contre le changement climatique lors de la Semaine africaine du climat, qui s'est déroulée au début du mois à Libreville, au Gabon.

Les quatre pays participaient au 24e cycle d'une analyse technique de leurs rapports de mise à jour biennaux, qui permet d'évaluer les progrès collectifs réalisés en vue d'atteindre l'objectif de l'Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Les rapports de mise à jour biennaux, qui sont soumis par les pays en développement tous les deux ans, comprennent l'état des émissions de gaz à effet de serre d'un pays, ainsi que des informations sur la manière dont le pays réduit ses émissions et reçoit un soutien pour le faire.

Lors de l'analyse technique à Libreville, les quatre pays ont présenté leurs rapports de mise à jour bisannuels et ont souligné leur engagement à utiliser les énergies renouvelables et les ressources forestières pour lutter contre la crise climatique. Ce qui suit résume certains des points clés contenus dans ces rapports.

Rwanda : Libérer le potentiel de l'énergie solaire

Au Rwanda, les émissions du secteur de l'énergie ont augmenté d'environ 1% par an depuis 2015. Avec une moyenne de 5 heures de pic d'ensoleillement par jour, il existe un grand potentiel pour augmenter les parts de hors réseau à 42% et connecter 326 884 ménages grâce à des mini-réseaux solaires. Le gouvernement rwandais veut exploiter ce potentiel pour électrifier les zones rurales avec des mini-réseaux solaires photovoltaïques en créant des exonérations fiscales sur les matériaux solaires photovoltaïques. Cela démontre la possibilité de réduire le coût de l'accès à l'électricité pour les ménages ruraux et d'éviter les investissements publics dans les infrastructures de transmission. Le potentiel d'atténuation estimé de l'adoption de mini-réseaux solaires photovoltaïques pourrait atteindre 1,3 Mt CO2eq entre 2020 et 2030.

Érythrée : Décarbonisation de la production d'électricité

En Érythrée, la décarbonisation de la production d'électricité reste une priorité en matière de réduction des gaz à effet de serre. Le pays souhaite introduire des énergies renouvelables pour améliorer la sécurité de son approvisionnement en électricité, minimiser la dépendance à l'égard de l'utilisation de combustibles fossiles importés non durables et réduire les émissions de gaz à effet de serre du système national de production d'électricité. Le pays prévoit d'introduire 50 MW d'énergie solaire, 40 MW d'énergie éolienne et 30 MW d'énergie géothermique dans le réseau national existant d'ici 2030. En outre, avec la mise en œuvre d'un système hybride de mini-réseau de 15 MW et la promotion des systèmes solaires individuels en cours dans les zones rurales, l'Érythrée vise à éviter 113 kt d'émissions de CO2 par an d'ici 2030 pour la production d'électricité.

Maroc : investir dans l'agriculture durable

Le secteur agricole représente la deuxième plus grande source d'émissions de gaz à effet de serre au Maroc. Le pays met en œuvre un total de 13 projets, pour un coût estimé à 5,3 milliards de dollars US entre 2020 et 2030, afin de réduire les émissions de 19% par rapport au scénario de référence cumulé du secteur agricole pour la même période. Les exemples incluent l'utilisation de l'agroforesterie pour renforcer les réserves de carbone, l'utilisation d'énergies renouvelables dans la production agricole et l'adoption de pratiques agricoles durables. Ces mesures sont décrites plus en détail dans deux plans stratégiques :  « Plan Maroc vert » et « Génération verte 2020-2030 ». 

Papouasie-Nouvelle-Guinée : Lutte contre la déforestation

La Papouasie-Nouvelle-Guinée possède l'une des plus grandes zones de forêts tropicales intactes au monde. La déforestation et la dégradation des forêts sont responsables de 90% des émissions totales de gaz à effet de serre du pays. L'objectif primordial de la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans le secteur de l'agriculture, de la sylviculture et des autres utilisations des terres est de mettre fin à la tendance à la hausse des émissions de gaz à effet de serre due à l'augmentation de la déforestation et de la dégradation des forêts d'ici à 2030 grâce au programme REDD+. Le programme REDD+ s'attaquera aux problèmes de l'agriculture commerciale non durable, en particulier le développement de l'huile de palme, tout en améliorant la durabilité de l'approvisionnement en bois et en coordonnant l'aménagement du territoire. La réduction des émissions résultant de la mise en œuvre du programme REDD+ est estimée à 26 millions de tonnes d'équivalent CO2 d'ici 2030.

Si ces quatre pays continuent de renforcer leurs efforts pour prendre des mesures en faveur du climat, ils ont également souligné la nécessité de disposer de ressources financières et d'un soutien technique pour intensifier les mesures visant à atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.

À l'issue de la semaine d'analyse technique, l'équipe d'experts techniques de l'ONU Climat rédige actuellement un rapport de synthèse pour chaque pays participant, qui sera disponible sur le site Web d'ONU Climat en mai 2023.

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