Sécurité alimentaire et « Faim zéro » priorités de l’action climatique
16 novembre 2017
Communiqué ONU Changements Climatiques
Over 70 percent of the world’s extreme poor live in rural areas
Credit: CGIAR

Bonn, 14 nov. 2017 – La sécurité alimentaire mondiale ne peut être atteinte que si nous menons une approche politique coordonnée qui tient compte de la faim, de la pauvreté et du changement climatique, ont déclaré aujourd’hui les dirigeants et experts mondiaux lors de la dernière série de discussions sur le climat à Bonn.

 « Le changement climatique constitue une menace fondamentale pour l’Objectif 2 de l’Agenda du développement durable qui vise à éradiquer la faim, à assurer la sécurité alimentaire et à améliorer la nutrition », a déclaré José Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) lors d’une table ronde de haut niveau sur la faim à la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques.

Le changement climatique mine les progrès accomplis vers la faim zéro et la variabilité climatique augmente le risque de perturbation de l’approvisionnement et de la distribution alimentaires. « Pour atteindre l’ODD2 et répondre efficacement au changement climatique, nous avons besoin d’une transformation de nos secteurs agricoles et de nos systèmes alimentaires », a-t-il ajouté.

La conférence COP23 de cette année porte sur la manière de mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris qui visent à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C et le plus proche possible de 1,5 °C.

L’accord reconnaît comme priorité fondamentale l’effectivité de la sécurité alimentaire, mais aussi la vulnérabilité des systèmes de production alimentaire aux impacts climatiques.

Selon le rapport de la FAO sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde en 2017, la faim a augmenté pour la première fois depuis plus d’une décennie, principalement à cause des conflits et du changement climatique. On estime à 815 millions le nombre de personnes qui souffrent de la faim aujourd’hui.

Le dérèglement climatique entraîne déjà des phénomènes météorologiques extrêmes, la dégradation des terres et la désertification, la pénurie d’eau, l’élévation du niveau de la mer et l’évolution des climats instables - ce qui entrave les efforts pour nourrir la planète.

Thomas Pesquet, astronaute de l’Agence spatiale européenne qui a passé cette année six mois à bord la station spatiale internationale, a partagé son point de vue sur le potentiel de la technologie pour résoudre ce problème.

Au cours des dernières décennies, l’imagerie satellitaire a considérablement amélioré notre compréhension des flux et des stocks de carbone et d’azote ; c’est un élément essentiel dans l’élaboration de solutions à toutes les échelles. « Les solutions sont toujours locales, mais les outils peuvent être universels » a déclaré M. Pesquet.

Solutions en développement

L’Objectif 2 de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030 prévoit d’éradiquer la faim, d’assurer la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de promouvoir une agriculture durable.

Organisé par la FAO et ses partenaires, l’événement a rassemblé les principaux responsables des gouvernements, du secteur privé et de la société civile. Ils ont examiné les moyens de lutter contre le changement climatique (ODD 13), la faim (ODD2) et la pauvreté (ODD1) de manière coordonnée, y compris par le biais d’une agriculture et de pratiques agricoles durables qui offrent des avantages multiples.

L’agriculture durable possède un potentiel énorme pour faire face au changement climatique. Cette table ronde a généré un flux d’idées d’actions permettant d’exploiter ce potentiel.

Plus de 70% des personnes les plus pauvres vivent dans des zones rurales. Elles sont également les plus exposées à la faim et à la malnutrition, à la rareté des ressources naturelles, aux conflits et aux impacts climatiques.

« Les populations rurales pauvres font partie d’une réponse globale au dérèglement climatique », a poursuivi M. da Silva. « Ils sont les principaux agents du changement et ont besoin d’être confortés dans leurs rôles de gardiens de la biodiversité, des ressources naturelles et des services écosystémiques essentiels à la vie. »

Parmi les orientations présentées dans le document final de l’événement figurent :

Le soutien aux mécanismes communautaires d’adaptation au changement climatique et de gestion des risques de catastrophes par le biais du Programme d’action mondial (selon le sigle anglais GAP) sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans les petits États insulaires en développement ;

La gestion durable des forêts dans le cadre de l’aménagement intégré du paysage ;

L’amélioration des investissements dans des systèmes alimentaires durables, sobres et résilients pour éradiquer la pauvreté et la faim.

La réunion a également mis en évidence des idées pratiques permettant de réduire les émissions produites par l’agriculture et le rôle de procédés améliorés qui réduisent leur intensité tout en augmentant la productivité. Pour le secteur de l’élevage, la FAO estime que les émissions pourraient être facilement réduites d’environ 30% en adoptant de meilleures techniques.

La réunion est également convenue que les terres doivent être gérées de manière à augmenter la séquestration du carbone dans les sols, en particulier dans les prairies, et que des protocoles solides pour évaluer et surveiller les stocks de carbone doivent être élaborés avec l’aide des parties prenantes. Selon certaines estimations, la réhabilitation des terres agricoles dégradées peut éliminer jusqu’à 51 milliards de tonnes de carbone qui se trouvent dans l’atmosphère.

Tous les participants sont convenus que des mesures dans ces domaines, et dans bien d’autres secteurs de l’agriculture, pourraient aider le monde à construire un accord de Paris plus fort et plus ambitieux permettant de concrétiser les objectifs de développement durable de la lutte contre la pauvreté.

Le dialogue de haut niveau sur l’ODD2 a été organisé dans le cadre des Journées mondiales d’Action pour le climat du Partenariat de Marrakech lors de la 23e session de la Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP23).