Changement climatique: Patricia Espinosa appelle à une riposte multilatérale déterminée
24 septembre 2018
Discours de l’ONU Changements Climatiques
Patricia

ONU Changements climatiques Infos, 24 septembre 2018 – Lors de la cérémonie d'ouverture de la Semaine du Climat de New York, la Secrétaire exécutive de l'ONU Changements climatiques, Patricia Espinosa, a instamment appelé à prendre des mesures plus pressantes en faveur du climat, souligné l’impératif d'un leadership et d'une riposte multilatérale déterminée.

Le dernier cycle des négociations officielles qui a eu lieu en Thaïlande, préparatoire à la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra en Pologne à la fin de cette année, a connu des progrès inégaux.

« Les récentes négociations à Bangkok sur les principes directeurs de l’application de l'Accord de Paris ont fait quelques progrès, mais pas suffisamment. Nous devons donc travailler davantage et redoubler d’efforts d'ici la COP24 pour achever ce travail », a-t-elle déclaré.

Juste après cela, il y a deux semaines, Patricia Espinosa a reçu un Appel à l'Action lancé lors du Sommet Mondial de l’Action Climatique, à San Francisco, qui explique dans les grandes lignes comment les États, les régions, les villes, les entreprises, les investisseurs et les collectivités intensifient leurs actions pour mettre le monde sur la voie d'un monde sans risque climatique.

À New York, la haute responsable de l'ONU chargée des changements climatiques a souligné l'importance d'une approche de l'action climatique qui renforce une action participative, sous la forme d'un multilatéralisme inclusif:

« Écoutez les voix de ces milliards de personnes qui comprennent que le temps est une ressource qui diminue elle aussi lorsqu’il s’agit du changement climatique et celles qui comprennent que la lutte contre les changements climatiques offre des possibilités extraordinaires, et qui agissent », a-t-elle poursuivi.

 

Lisez son intervention complète ci-dessous:

Il y a soixante-treize ans, des nations - ravagées par la guerre, lasses de ses coûts - se sont engagées à réaliser ce qui avait été impossible pendant la première moitié du siècle: une paix durable.

La signature de la Charte des Nations Unies à San Francisco a été plus qu'un simple accord pour s'entendre.

Elle a établi un ordre international fondé sur des règles, défendu le multilatéralisme plutôt que l'intérêt personnel, et précisé que la voie à suivre ne passait pas par les conflits mais par la collaboration.

Nous portons le fruit de ce travail. Aujourd'hui, bon nombre sont en meilleure santé, plus éduqués et plus paisibles qu'à tout autre moment de l'histoire.

Mais l'humanité est confrontée à un nouveau défi; un défi qui menace les générations actuelles et futures.

Le changement climatique est un adversaire que nous avons façonné de nos propres mains, mais dont le pouvoir menace maintenant de nous anéantir.

Partout dans le monde, des vagues de chaleur extrêmes, des incendies de forêt, des tempêtes et des inondations sèment la dévastation et la mort.

Les pays en développement sont ceux qui souffrent le plus, mais le changement climatique affecte toutes les nations, directement et indirectement.

C'est un défi qu'un ordre international fondé sur des règles soit conçu spécialement pour y faire face – un ordre qui a abouti à l'Accord de Paris.

Comme la Charte des Nations Unies elle-même, sa signature a été un succès multilatéral sans précédent.

Mais les nations ne tiennent pas leurs promesses.

En vertu de cet accord, les nations sont convenues de limiter les changements climatiques à 2°C, mais idéalement à 1,5°C. 

Ces objectifs sont le strict minimum pour éviter les pires impacts du changement climatique.

Mais les contributions actuelles, promises par les nations dans le cadre de cet accord signé à Paris porteront l’augmentation de la température mondiale à environ 3°C d'ici 2100.

Soyons clairs: le manque d'ambition mène à un avenir où l'humanité ne contrôle plus son propre destin, mais le changement climatique galopant, oui.

Les récentes négociations à Bangkok sur les lignes directrices de mise en œuvre de l'Accord de Paris ont fait quelques progrès, mais pas assez.

Nous devons donc travailler, et plus que jamais, d'ici la COP24 pour achever ce travail.

Nous avons besoin de leadership, nous devons reconnaître l'urgence à laquelle nous sommes confrontés et nous devons nous engager à prendre des mesures multilatérales décisives. Nous n'avons pas d'autre choix.

Autrement dit nous devons:

Écoutez les voix de milliards de personnes qui comprennent que le temps est une ressource qui diminue elle aussi lorsqu’il s’agit du changement climatiques.

Écoutez aussi celles qui comprennent que la lutte contre les changements climatiques offre des possibilités extraordinaires, et qui agissent.

Tout comme il y a 73 ans, quand la Charte des Nations Unies avait été signée à San Francisco, puis transférée à New York...

...nous venons tout juste d'arriver de San Francisco et du Sommet Mondial de l’Action Climatique.

Les entreprises et les investisseurs du monde entier l’ont clairement indiqué: ils ont vu l'avenir, et celui-ci est vert.

J'ai avec moi l’Appel à l'Action du Sommet.

Il explique dans les grandes lignes comment les États, les régions, les villes, les entreprises, les investisseurs et les collectivités intensifient leurs actions pour mettre le monde sur la voie d'un monde sans risque climatique.

Que cela serve d'appel aux nations pour que non seulement elle accroîssent leur ambition climatique, mais qu'il permette aussi de tracer une voie claire vers le futur et qu'il consolide une action participative en faveur du climat.

Que ce travail se poursuive ici, à New York, et que le multilatéralisme reste notre voie à suivre.

Je me souviens d'un grand partisan du multilatéralisme, feu Kofi Annan.

Dans un discours commémorant le premier anniversaire des attentats du 11 septembre, il avait déclaré: 

Je me présente devant vous aujourd'hui en tant que multilatéraliste - par tradition, par principe, en vertu de la Charte et par devoir.

La meilleure façon d'honorer M. Annan est d'honorer ses paroles. 

Mettons-les à profit, en adoptant ce que j'appelle le “multilatéralisme inclusif”’, un multilatéralisme qui reconnaît la nécessité d'avoir davantage de voix à la table, et non moins.

Mesdames et Messieurs, je reconnais que rien de tout cela n'est facile – or rien d’aussi révolutionnaire ou d’important ne l’est jamais. Mais cela en vaut la peine.

Cela en vaut la peine parce qu'en luttant contre le changement climatique, nous pouvons bâtir un avenir meilleur et plus résilient, tant pour cette génération que pour toutes les générations à venir....

...un avenir à la fois plus propre et plus vert, mais où la pauvreté est réduite, où les droits sont partagés plus équitablement par tous et où chaque individu peut vivre, aimer, apprendre et s’épanouir.

Je vous remercie.