Des mesures décisives à Kyoto pour

limiter les émissions à effet de serre

Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies

Il y a des moments, où seul un acte de bravoure est capable de faire avancer les affaires de ce monde. La Conférence de Kyoto sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques sera un de ceux-là. A Kyoto, les pays industrialisés auront l'occasion de mettre leur pouvoir et leur richesse au service du développement durable de la planète. En prenant des mesures décisives pour réduire, d'ici à 2010, leurs émissions de gaz à effet de serre en dessous de leurs niveaux de 1990, ils rempliront leurs engagements d'être à l'avant-garde de la lutte concertée menée dans le monde contre le réchauffement planétaire au siècle prochain - conduisant ainsi l'évolution technologique indispensable, et encourageant les pays en développement à limiter, à leur tour, la croissance de leurs émissions.

Un message clair

Considérer que les pays développés ont le devoir de se placer en première ligne de la lutte contre l'évolution du climat est l'une des pierres angulaires de la politique de la Convention. Ces pays ne sont pas seulement responsables du gros des émissions de gaz, passées et présentes, qui réchauffent la couverture atmosphérique; ils vont posséder pendant encore plusieurs décennies le taux d'émission par habitant le plus élevé . En outre, techniquement et économiquement, ils sont les mieux à même de diminuer leurs émissions

Par conséquent, le monde attend de ces pays un message clair à Kyoto: qu'ils se sont engagés sur des objectifs et des échéances pour réduire leurs émissions de manière significative, contraignante et vérifiable. Les dispositifs offrant une plus grande flexibilité et une diminution des coûts de réduction, tels que la bourse d'échanges des émissions et l'exécution conjointe doivent être considérés comme permettant de favoriser - et non d'ajourner - l'adoption mesures sérieuses afin d'orienter la production et la consommation nationales sur une voie respectueuse du climat

Ce message devra viser deux publics: premièrement, les habitants, les entreprises et les collectivités des pays développés eux-mêmes. Les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre consistent essentiellement à modifier les comportements et les expectatives et, accessoirement, à légiférer et à réglementer. Si les investisseurs et les consommateurs sont convaincus par le message de Kyoto, le combat sera déjà à moitié gagné. Les entreprises tournées vers l'avenir effectueront des investissements avantageux en répondant à la demande croissante de produits et de services qui génèrent moins d'émissions, dans le domaine de la fourniture d'électricité et du transport automobile, notamment. Cela favorisera une modification des tendances des émissions sur le long terme.

Deuxièmement, le message de Kyoto visera les gouvernements et les habitants des pays en développement, notamment ceux qui disposent d'une population nombreuse et d'une économie dynamique. Le volume total des gaz à effet de serre générés par ces pays est tel qu'aucune tentative globale de contrôle des émissions ne peut réussir sans une contribution de plus en plus large de leur part, en accord avec leurs objectifs qui sont d'offrir à leurs peuples de meilleures conditions de vie. Dans ces pays, il sera difficile, voire impossible, de mobiliser le public et les hommes politiques en faveur d'un objectif aussi lointain que la protection du climat, sans apporter les preuves du sérieux avec lequel les pays développés limiteront leurs propres émissions et fourniront l'appui technique et financier permettant aux autres de faire de même. Quoique les pays en développement prennent déjà d'importantes mesures volontaires, un signal convaincant de Kyoto est une condition politique préalable pour envisager d'accepter l'engagement de limiter leurs émissions.

C'est dans l'intérêt de tous les pays - développés et en développement - de se diriger progressivement vers une stratégie d'ensemble au niveau mondial afin de réduire les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et diminuer ainsi les conséquences néfastes du réchauffement planétaire.

Les perspectives après Kyoto

A court terme, les gouvernements favoriseront les options "sans regrets" qui limitent les émissions tout en présentant des avantages économiques (suppression, par exemple, des subventions qui engendrent des distorsions) ou qui contribuent à diminuer d'autres problèmes d'environnement urgents (tels que les effets de la pollution de l'air sur la santé). A moyen terme, il faudra que la stratégie de parade à l'évolution climatique s'intègre toujours plus aux stratégies visant d'autres problèmes et d'autres perspectives. La communauté des nations sera confrontée à des défis nouveaux et complexes dans les prochaines décennies qui se situeront de plus en plus au carrefour des changements climatiques. Cela signifie qu'un succès à Kyoto contribuera également à atteindre les objectifs de développement durable déterminés au Sommet de la Terre de Rio, notamment:

*Réseaux d'énergétiques durables. Le monde doit se tourner vers des méthode de production, de distribution et d'utilisation de l'énergie qui respectent la capacité limitée de l'atmosphère à absorber le gaz carbonique en diminuant l'exploitation des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) qui ne peuvent être remplacés. Si les pays intègrent l'évolution du climat à leurs priorités de développement, les nouvelles méthodes opérationnelles utilisées au 21ème siècle dans les transports et l'industrie auront des conséquences globales beaucoup plus légères sur la planète.

*Consommation durable. Les plus riches pays du monde ont une incidence par habitant particulièrement élevée sur nos systèmes naturels déjà sollicités. Des modes de vie moins avides de bien matériels devraient réduire la production d'émissions de gaz à effet de serre, de déchets solides, et de produits chimiques dangereux, ainsi que le déclin de la forêts et d'autres ressources naturelles.

*Accroissement de la population Les milliards d'individus nés au siècle prochain feront peser une énorme pression sur la terre et d'autres ressources. Limiter la croissance de la population pourrait diminuer cette pression tout en modérant les tendances des émissions de gaz à effet de serre prévues. Cela diminuerait également la pression démographique le long des côtes de faible altitude et dans d'autres régions particulièrement vulnérables aux conséquences des changements climatiques.

* Diversité biologique. Les espèces et les écosystèmes sont détruits à un rythme rapide, et les futures modifications du climat vont accélérer ces destructions. Heureusement, le reboisement et d'autres stratégies visant à protéger la diversité biologique peuvent également contribuer à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre (en absorbant le gaz carbonique contenu dans l'atmosphère).

* Dégradation des zones arides. On considère que l'évolution du climat devrait provoquer une augmentation de la sécheresse dans certaines régions, alors que le processus de désertification contribue aux émissions nettes de gaz à effet de serre. L'amélioration de la gestion des terres peut contribuer à résoudre ces deux problèmes.

Les sociétés civiles ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre ces problèmes imbriqués étroitement. Les collectivités locales et le monde des affaires trouveront les solutions les plus novatrices et les plus inattendues, et cela plus rapidement qu'on ne le croit généralement. Les enseignants, les médias, et les organisations nongouvernementales ont déjà suscité un profond changement dans les attitudes et dans le comportement des individus qui s'avérera indispensable pour qu'un réel changement ait effectivement lieu. Kyoto se doit d'encourager ces acteurs essentiels de la vie civile à persévérer.

Le défi

Ce qui se joue à Kyoto est important . Le succès dépend de l'empressement des Etats à prendre des mesures en dépit de l'absence de certitudes scientifiques absolues. Cette démarche fondée sur le principe de précaution s'est révélée fort utile lorsque nous avons été sur le point de détruire la couche d'ozone de la stratosphère. Aujourd'hui, encore, les scientifiques réaffirment que nous encourons bien un risque majeur. La meilleure des polices d'assurance planétaire susceptible de couvrir ce risque consiste à réduire les émissions au plus tôt.

Nous savons tous que dans notre vie privée, autant que dans les affaires d'Etat, il peut être difficile de se prémunir contre un risque mal définis et à longue échéance, quelque soit sa gravité. C'est pourquoi, aujourd'hui, il est si essentiel d'indiquer la direction à suivre. Le monde ne résoudra pas le problème des changements climatiques d'un seul coup à Kyoto, mais en passant de promesses générales à une première phase d'objectifs juridiquement contraignants de réduction des émissions à l'échelon national, il aura fait en sorte qu'une solution soit possible.

 

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