ONU Climat Infos, 30 avril 2021 - Les gouvernements doivent tenir davantage compte des océans de la planète lorsqu'ils étudient les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de s'adapter aux effets des changements climatiques.

Telle est la principale conclusion d'un rapport publié aujourd'hui par ONU climat.

Jusqu'à présent, l'océan a absorbé environ 90% de la chaleur générée par l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre piégées dans le système terrestre et a absorbé 30% des émissions de carbone.

Cela a provoqué des changements importants, notamment le réchauffement, l'acidification et la désoxygénation des océans, ainsi que l'élévation du niveau de la mer, avec de graves répercussions sur la vie océanique et côtière, ainsi que sur la vie et les moyens de subsistance des communautés côtières.

Jusqu'à présent, l'océan a joué un rôle essentiel de tampon face au changement. Mais des points de basculement sont atteints et le risque océanique augmente. Une augmentation de la température moyenne mondiale de 2 degrés Celsius, qui représente la limite maximale de réchauffement prévue par l'Accord de Paris, entraînerait la destruction de 99% des coraux de la planète, avec des conséquences dévastatrices. Tandis que dans les régions arctiques, les points de basculement ont peut-être déjà été atteints, de sorte que les pratiques adaptatives ne peuvent plus fonctionner.

 Pendant trop longtemps, l'océan est resté hors de vue, hors de l'esprit, et largement absent des conversations politiques mondiales sur le changement climatique. Mais le vent tourne. Nous disposons des connaissances, des outils politiques et des incitations nécessaires, et il est temps d'agir ensemble, écrit dans le rapport Tosi Mpanu-Mpanu, président de l'organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique de la CCNUCC.

La bonne nouvelle est que de nombreux pays envisagent d'accroître leurs ambitions en ce qui concerne l'océan dans leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans d'adaptation nationaux. L'action en faveur des océans et l'action en faveur du climat sont intrinsèquement liées et doivent être renforcées par la suppression des cloisonnements et l'union des forces pour fournir l'engagement et l'action nécessaires, sur la base des meilleures données scientifiques disponibles.

Possibilités d'action pour l'océan et le climat

L'océan offre de multiples possibilités inexploitées et puissantes pour atténuer le changement climatique et s'y adapter, à condition que les garanties environnementales et sociales soient respectées.

Le moyen le plus important de protéger l'océan est de réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, il faut faire preuve de beaucoup plus d'ambition et d'action en matière d'atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre) et d'adaptation (renforcement de la résilience aux changements climatiques).

Cela s'applique notamment au financement du climat pour les pays en développement, y compris pour les stratégies d'adaptation et les solutions fondées sur la nature qui peuvent accroître la résilience des océans et des zones côtières et protéger et restaurer la nature.

Lors du dialogue, Mme Jane Lubchenko, coprésidente du groupe d'experts du groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, a présenté les moyens par lesquels les océans peuvent être un lieu d'action pour l'atténuation - avec le potentiel de fournir une réduction d'environ 20% des émissions nécessaires d'ici 2050, afin de maintenir les températures mondiales à 1,5°C.

Ces actions comprennent la promotion de l'énergie renouvelable d'origine océanique, le passage à un transport océanique à faible teneur en carbone, y compris le transport de marchandises et de passagers, la protection et la restauration du carbone bleu et d'autres écosystèmes côtiers et marins, ainsi que l'abandon de la pêche, de l'aquaculture et de l'alimentation à partir de sources de protéines terrestres à forte intensité d'émissions (par exemple, la viande rouge) au profit de protéines et d'autres sources de nutrition à faible teneur en carbone et d'origine océanique.

Le dialogue a également examiné les options et les possibilités d'adaptation dans l'océan et les zones côtières. La nature est un élément fondamental de la résilience des océans aux changements climatiques. Les activités d'adaptation comprennent l'établissement et le maintien de zones marines protégées intelligentes sur le plan climatique, le soutien aux pêches intelligentes sur le plan climatique et aux pêches à petite échelle, l'adaptation fondée sur les écosystèmes, la gestion durable des ressources naturelles, ainsi que la protection et la restauration des écosystèmes côtiers.

Le dialogue a permis d'entendre de nombreuses parties prenantes issues de toutes les communautés, des gouvernements, des entreprises, des ONG, des communautés locales, des universités, des populations autochtones et des jeunes, et a souligné une nouvelle fois que l'action climatique basée sur les océans nécessite la participation de toutes les voix à la table pour fournir des solutions coproduites et équitables et une action centrée sur les personnes.

Les recommandations d'action à prendre issues du dialogue sur les océans

Les résultats du Dialogue sur les océans comprennent des recommandations pour aller de l'avant. Des décisions clés doivent être prises par les gouvernements, notamment lors de la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26). Ces décisions pourraient être les suivantes :

• Reconnaître l'interconnexion entre l'océan, les changements climatiques et la nature.
• Renforcer la compréhension du fait que l'action pour les océans est une action pour le climat et que le financement des océans est un financement pour le climat - et vice versa.
• Accroître l'ambition qui inclut l'action océanique et intégrer les solutions basées sur l'océan dans les contributions déterminées au niveau national (NDC), les plans nationaux d'adaptation (PNA) et d'autres processus nationaux.
• Renforcer l'inclusion des questions liées aux océans dans les aspects pertinents des travaux des groupes de travail, des organes constitués et de l'inventaire mondial de la CCNUCC.
• Tenir un dialogue régulier dans le cadre du processus de la CCNUCC afin de continuer à renforcer la compréhension et l'action en faveur des océans et du climat pour aller plus loin.

À propos du Dialogue sur les océans

Le Dialogue sur les océans a eu lieu les 2 et 3 décembre 2020. Le dialogue a fourni un espace aux gouvernements et aux parties prenantes non-Parties pour discuter de la manière de renforcer les océans dans le contexte du changement climatique, en s'appuyant sur les connaissances et les résultats scientifiques du Rapport spécial du GIEC sur l'océan et la cryosphère dans un climat en évolution et les soumissions des gouvernements et autres.