Pour atteindre les objectifs de Paris les énergies propres doivent se développer plus rapidement, selon l’AIE
14 novembre 2018
Article
Wind energy
Credit: Jason Blackeye/Unsplash

ONU Changements climatiques Infos, 13 novembre 2018 - Si les marchés de l'électricité continuent de dépendre des centrales à charbon - qui représentent aujourd'hui un tiers des émissions de CO2 - ou des centrales à gaz, les pays n'atteindront pas les objectifs climatiques à long terme de l'Accord de Paris, a prévenu mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Dans son dernier rapport Perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook 2018), l’AIE examine l'impact d'une électrification accrue dans les transports, les bâtiments et l'industrie. L'analyse révèle que celle-ci entraînerait un pic de la demande de pétrole d'ici 2030 et réduirait la pollution atmosphérique localement. L’électrification à elle seule n’aura en effet qu’un impact négligeable sur les émissions de carbone si l’on ne redouble pas d’efforts pour accroître la part des énergies renouvelables et des sources d'énergie à faible teneur en carbone.

« Nous avons passé en revue toutes les infrastructures énergétiques actuelles et en cours de construction dans le monde - telles que les centrales électriques, les raffineries, les voitures et camions, les chaudières industrielles et les appareils de chauffage domestique - et nous constatons qu'elles représenteront environ 95% de toutes les émissions autorisées par les objectifs climatiques internationaux dans les prochaines décennies », déclare Fatih Birol, Directeur exécutif de l’institution basée à Paris. « Cela signifie que si le monde veut vraiment atteindre ses objectifs climatiques, il faut dès aujourd'hui accorder une préférence systématique aux investissements dans les technologies énergétiques durables. »

Les pays du monde entier augmentent rapidement leur part de l’énergie solaire photovoltaïque et de l'éolien, et la portion des énergies renouvelables dans la production d'électricité atteindra plus de 40% en 2040, une tendance positive pour l'environnement, affirme l'Agence. Mais cette tendance doit être accélérée pour atteindre l'objectif central de l'Accord de Paris, qui est de maintenir la température moyenne mondiale aussi près que possible de 1,5°C.

Si l’expansion actuelle des sources d'énergie renouvelables apporte des avantages environnementaux majeurs, elle occasionne également une nouvelle série de défis que les décideurs politiques doivent relever rapidement. Compte tenu de la plus grande variabilité de l'offre, les réseaux électriques devront faire de la flexibilité la pierre angulaire des futurs marchés de l'électricité.

L'analyse, basée sur les scénarios du rapport, décrit les différents futurs possibles du système énergétique pour tous les combustibles et toutes les technologies. Elle offre un contraste avec différentes approches, fondées sur les politiques actuelles et prévues, et celles qui peuvent permettre d'atteindre les objectifs climatiques à long terme de l'Accord de Paris de réduire la pollution atmosphérique et de garantir un accès universel à l'énergie.

Selon l’AIE, le gaz naturel devrait dépasser le charbon comme deuxième source d'énergie au monde après le pétrole d'ici 2030 en raison d'une volonté de réduire la pollution de l’air et de l'augmentation de la consommation de gaz naturel liquéfié

Dans le « Scénario de développement durable », l’AIE prévoit que les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie culmineront vers 2020, puis diminueront fortement et durablement, conformément à la trajectoire requise pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le changement climatique.

« Il sera essentiel d'élaborer les politiques et les incitations appropriées pour atteindre nos objectifs communs de sécurité de l'approvisionnement énergétique, de réduction des émissions de carbone, d'amélioration de la qualité de l'air dans les centres urbains et d'élargissement de l'accès de base à l'énergie en Afrique et ailleurs » poursuit Fatih Birol.

Le problème: la plupart des émissions liées aux infrastructures énergétiques sont déjà essentiellement bloquées. En particulier les centrales à charbon, qui représentent aujourd'hui un tiers des émissions de CO2 liées à l'énergie, représenteront plus d'un tiers des émissions cumulées bloquées à l'horizon 2040. La grande majorité d'entre elles sont liées à des projets en Asie, où les centrales à charbon n'ont en général que 11 ans d'âge moyen et sont encore en exploitation pour des décennies, contre 40 ans en moyenne aux États-Unis et en Europe.

La demande d'énergie devrait augmenter de plus de 25% d'ici 2040, ce qui nécessitera plus de 2 billions de dollars par an d'investissements dans de nouvelles sources d’énergie.

« Notre analyse montre que plus de 70% des investissements mondiaux dans le domaine de l'énergie seront pilotés par les gouvernements et le message est donc clair: le destin énergétique du monde dépend des décisions gouvernementales », ajoute le Dr Birol.

Les décisions seront en partie influencées par les résultats de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, la COP24, en décembre, au cours de laquelle les gouvernements s'apprêtent à convenir des lignes directrices de mise en œuvre de l'Accord de Paris et à discuter des prochaines étapes pour accroître les ambitions climatiques.

Lisez l'article de l'AIE ici (en anglais).