Les gouvernements du monde entier doivent réduire la production de combustibles fossiles de 6 % par an pour limiter un réchauffement mondial catastrophique
2 décembre 2020
Communiqué de presse extérieur
Smoke from power plants
Credit: Andreas Felske/Unsplash

Cette édition spéciale du rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction de la production (Production Gap Report, rapport non traduit), élaboré par les principaux organismes de recherche et les Nations unies, constate que le relèvement à la suite de la COVID-19 marque un tournant potentiel, qui permettrait aux pays de changer de cap pour éviter de s’enfermer dans des niveaux de production de charbon, de pétrole et de gaz bien supérieurs à la limite de 1,5°C.

Les pays prévoient d'augmenter leur production de combustibles fossiles au cours de la prochaine décennie, alors même que les recherches montrent que le monde doit diminuer sa production de 6 % par an afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, selon le rapport 2020 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction de la production.

Ce rapport, lancé pour la première fois en 2019, mesure l’écart entre les objectifs de l’Accord de Paris et la production de charbon, de pétrole et de gaz prévue par les pays. Il constate que le « le déficit de réduction de la production » reste important : les pays prévoient de produire en 2030 une quantité de combustibles fossiles plus de deux fois supérieure à celle qui serait compatible avec une limite de la hausse des températures à 1,5 °C.

L’édition spéciale de cette année examine les implications de la pandémie de COVID-19 et des mesures de relance et de relèvement prises par les gouvernements en ce qui concerne la production de charbon, de pétrole et de gaz. Le rapport de cette année est publié à un moment qui marque un tournant potentiel, alors que la pandémie suscite une action gouvernementale sans précédent et que les principales économies, dont la Chine, le Japon et la Corée du Sud, se sont engagées à atteindre zéro émissions nettes.

« Les feux de forêt, les inondations, les sécheresses et les autres phénomènes météorologiques extrêmes dévastateurs de cette année nous rappellent avec force les raisons pour lesquelles nous devons réussir à lutter contre la crise climatique. Alors que nous cherchons à relancer les économies à la suite de la pandémie de COVID-19, investir dans les énergies et les infrastructures à faible teneur en carbone sera bon pour l'emploi, pour les économies, pour la santé et pour l'air pur », déclare Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). « Les gouvernements doivent saisir l'occasion d’éloigner leurs économies et leurs systèmes énergétiques des combustibles fossiles et de reconstruire en mieux pour un avenir plus juste, plus durable et plus résistant aux chocs futurs ».

Le rapport a été produit par l'Institut de l'environnement de Stockholm (SEI), l'Institut international du développement durable (IISD), l’Overseas development Institute (ODI), E3G et le PNUE. Des dizaines de chercheurs ont contribué à l'analyse et à l’examen, en provenance de nombreuses universités et d'autres organismes de recherche.

« Nos recherches montrent clairement que nous sommes confrontés à de graves perturbations climatiques si les pays continuent à produire des combustibles fossiles aux niveaux actuels, sans parler de leurs augmentations prévues », affirme Michael Lazarus, l'un des principaux auteurs du rapport et directeur du centre américain de SEI. « La recherche est tout aussi claire sur les solutions à adopter : des politiques gouvernementales qui réduisent à la fois la demande et l’offre de combustibles fossiles et soutiennent les communautés qui en dépendent actuellement. Ce rapport propose des mesures que les gouvernements peuvent prendre dès aujourd'hui pour une transition juste et équitable vers l’abandon des combustibles fossiles ».

Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :

  • Pour suivre la trajectoire d’un réchauffement limité à 1,5 °C, le monde devra réduire la production de combustibles fossiles d’environ 6 % par an entre 2020 et 2030. Les pays planifient et prévoient plutôt une augmentation annuelle moyenne de 2 %, ce qui, d’ici 2030, se traduirait par une production plus de deux fois supérieure à la limite de 1,5 °C.
  • Entre 2020 et 2030, la production mondiale de charbon, de pétrole et de gaz devrait diminuer annuellement de 11 %, 4 % et 3 %, respectivement, pour être conforme à la trajectoire de 1,5 °C.
  • La pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement pour enrayer sa propagation ont entraîné une baisse à court terme de la production de charbon, de pétrole et de gaz en 2020. Mais les plans pré-COVID et les mesures de relance post-COVID indiquent que l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction de la production de combustibles fossiles dans le monde continue de se creuser, ce qui risque de perturber gravement le climat.
  • À ce jour, les gouvernements du G20 ont engagé plus de 230 milliards de dollars des États-Unis dans le cadre de mesures COVID-19 en faveur des secteurs responsables de la production et de la consommation de combustibles fossiles, soit bien plus que pour l'énergie propre (environ 150 milliards de dollars des États-Unis). Les décideurs politiques doivent inverser cette tendance pour atteindre les objectifs climatiques.

« Le choc de la demande dû à la pandémie et à la chute des prix du pétrole cette année ont une fois de plus démontré la vulnérabilité des nombreuses régions et communautés qui dépendent des combustibles fossiles. La seule façon de sortir de ce piège est de diversifier ces économies et de dépasser les combustibles fossiles. Hélas, en 2020, nous avons vu de nombreux gouvernements multiplier leur consommation de combustibles fossiles par deux et renforcer ainsi ces vulnérabilités », affirme Ivetta Gerasimchuk, auteur principal du rapport et responsable de l'approvisionnement en énergie durable à l'IIDD. « Les gouvernements devraient plutôt orienter les fonds de relance vers la diversification économique et les canaliser pour une transition vers une énergie propre qui offre un meilleur potentiel économique et d'emploi à long terme. C'est peut-être l'une des entreprises les plus difficiles du XXIe siècle, mais elle est nécessaire et réalisable ».

Le rapport examine également comment le monde peut s’affranchir des combustibles fossiles de manière équitable, la réduction progressive la plus rapide étant nécessaire dans les pays ayant une capacité financière et institutionnelle plus élevée et étant moins dépendants de la production de combustibles fossiles. Certains des plus grands producteurs de combustibles fossiles de ce groupe de pays, comme l’Australie, le Canada et les États-Unis, sont actuellement les pays qui cherchent à accroître considérablement leur approvisionnement en combustibles fossiles.

Les pays qui dépendent fortement des combustibles fossiles et dont les capacités sont limitées auront besoin d'un soutien international pour assurer une transition équitable. Le rapport explore les moyens de faciliter cette coopération.

« La réduction de la production de combustibles fossiles à un rythme conforme aux objectifs de Paris nécessite à la fois une coopération et un soutien internationaux », a déclaré Cleo Verkuijl, chercheuse au SEI et auteur principale du rapport. « Alors que les pays communiquent des engagements climatiques plus ambitieux dans le cadre du processus des Nations unies sur le climat en prévision de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2021 à Glasgow, ils ont la possibilité d'intégrer dans ces plans, ou CDN, des objectifs et des mesures visant à réduire la production de combustibles fossiles ».

Le rapport énumère six domaines d'action, offrant aux décideurs politiques des solutions pour commencer à réduire progressivement les combustibles fossiles au fur et à mesure qu'ils mettent en œuvre les plans de relance à la suite de la COVID-19. Ils peuvent notamment réduire les aides publiques existantes en faveur des combustibles fossiles, introduire des restrictions à la production et veiller à ce que les fonds de relance soient affectés à des investissements verts (tout en assortissant toute aide à forte teneur en carbone de conditions favorisant l'alignement à long terme sur les objectifs climatiques).

« Ce rapport met en lumière la manière dont l'action des gouvernements risque, dans de nombreux cas, de nous enfermer dans des filières d'énergie fossile. Et il présente des possibilités autres, offre des solutions et des exemples pour dépasser la production de charbon, de pétrole et de gaz », affirme le directeur exécutif de SEI, Måns Nilsson. « Il est temps d'imaginer et de planifier un avenir meilleur ».

 

Lire le rapport complet

 

Pour toute demande d’entretien et de plus amples informations, veuillez contacter :

Cleo Verkuijl, chercheur, Centre d'Oxford de SEI (fuseau horaire GMT)

cleo.verkuijl@sei.org, +44 7708 928479 @cleoverk

Michael Lazarus, scientifique principal et directeur du centre américain de SEI (fuseau horaire PST)

michael.lazarus@sei.org, @mlaz_sei

Ivetta Gerasimchuk, responsable de l'approvisionnement en énergie durable, bureau de l'IIDD à Genève

igerasimchuk@iisd.org, +41 78 672 5691 (WhatsApp) @Ivetta_G

Charlotte Howes, attachée de presse, ODI
c.howes@odi.org.uk, +447808 791 265

Leo Roberts, directeur de recherche, diplomatie du charbon, E3G
leo.roberts@e3g.org +447908 664 334

Keishamaza Rukikaire, responsable de l'information et des médias, Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE)
rukikaire@un.org, +254 722 677747

 

Commentaires sur le rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction de la production

« Ce rapport montre sans aucun doute que la production et l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz doivent diminuer rapidement si nous voulons atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur les changements climatiques. C'est essentiel pour garantir à la fois un avenir sans danger pour le climat et des économies fortes et durables pour tous les pays, y compris les plus touchés par le passage du gris au vert. Les gouvernements doivent s'efforcer de diversifier leurs économies et de soutenir les travailleurs, notamment par le biais de plans de relance COVID-19 qui n'enferment pas dans des filières de combustibles fossiles non durables, mais partagent au contraire les bénéfices des reprises vertes et durables. Nous pouvons et nous devons mieux récupérer ensemble ».

António Guterres, Secrétaire général des Nations unies