« Une planète sans pollution », c’est l’engagement qu’ont pris les pays à la fin de l'Assemblée de l’ONU Environnement à Nairobi, avec des résolutions et des promesses d'amélioration de la vie de milliards de personnes à travers le monde en assainissant l'air, la terre et l'eau.
Si toutes les promesses faites au cours et autour du sommet sont tenues, 1,49 milliard de personnes supplémentaires respireront un air pur, 480.000 km (soit environ 30%) des côtes seront propres et 18,6 milliards de dollars pour la recherche-développement et des programmes innovants pour combattre la pollution seront lancés.
« Les données scientifiques que nous possédons ont montré lors de cette assemblée que nous avons été tellement mauvais pour nous occuper de notre planète, que nous avons désormais très peu de marge d'erreurs », a déclaré le Dr Edgar Gutiérrez, ministre de l'Environnement et de l'Energie du Costa Rica, et Président de l'Assemblée de l’ONU Environnement 2017. « Avec les promesses faites ici, nous envoyons un message puissant signifiant que nous allons écouter la science, changer la façon dont nous consommons et produisons, et lutter contre la pollution sous toutes ses formes à travers le monde. »
Pour la première fois lors d'une Assemblée de l’ONU Environnement, les ministres de l'environnement ont publié une déclaration. Celle affirme que les nations respecteront les efforts visant à prévenir, atténuer et gérer la pollution de l'air, des terres et des sols, des eaux douces et des océans - qui nuit à notre santé, nos sociétés, nos écosystèmes, nos économies et notre sécurité.
La déclaration souligne la volonté d'accroître la recherche-développement, de cibler la pollution par des actions sur mesure, de faire évoluer les sociétés vers des modes de vie durables basés sur une économie circulaire, de promouvoir des incitations fiscales pour faire bouger les marchés, des changements positifs, de renforcer et de faire respecter les lois sur la pollution, et bien plus encore.
L'assemblée a également adopté 13 résolutions non contraignantes et trois décisions. Parmi elles figuraient des mesures pour faire face aux déchets en mer et aux microplastiques, pour prévenir et réduire la pollution atmosphérique, l'intoxication au plomb présent dans les peintures et les batteries de voiture, protéger les écosystèmes aquatiques contre la pollution, gérer la contamination des sols et la pollution des zones en proie aux conflits et au terrorisme.
« Aujourd'hui, nous avons fait de la lutte contre la pollution une priorité politique de la communauté internationale », a déclaré Erik Solheim, directeur de l'ONU Environnement. « C'est un combat de longue haleine qui s’annonce, mais le sommet a montré qu'il y avait un réel appétit pour des transformations profondes positives. »
« Cependant, il ne s'agit pas seulement de l'ONU et des gouvernements. Le soutien massif dont nous avons été les témoins de la part de la société civile, des entreprises et des particuliers - avec des millions d'engagements pour mettre fin à la pollution - montre qu'il s'agit d'un défi mondial avec une volonté mondiale de gagner cette bataille ensemble.»
Patricia Espinosa, chef de l'ONU Changement climatique, souligne l'importance d'une action climatique forte pour un environnement plus sain
Dans son allocution d'ouverture à la séance plénière de Nairobi, la Secrétaire exécutive de l'ONU Changement Climatique, Patricia Espinosa, a souligné le lien important qui existe entre la santé humaine et la santé planétaire, faisant valoir la portée d'une action climatique forte pour un environnement plus sain.
« L'année à venir est cruciale pour réduire la menace climatique et aider ceux qui en sont déjà affectés. La coopération de tous les secteurs est essentielle, mais aussi dans toute la famille des Nations Unies. L'Accord de Paris, les Objectifs du développement durable et le Cadre de Sendai constituent notre chemin. Le changement climatique est lié à presque tous les défis majeurs auxquels l'humanité est confrontée, ce qui rend vital le travail sur l'Objectif 13 du Développement Durable (Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions): la pauvreté, l'alimentation, l'eau, la sécurité énergétique, la santé, et bien d'autres choses encore », a-t-elle indiqué.
Une grande partie de l'impact de l'Assemblée provient d’un soutien au niveau mondial. La campagne #BeatPollution de l’ONU Environment a atteint près de 2,5 millions de promesses de dons pendant l'événement, avec 88.000 personnes s’engagent à agir.
Le Chili, Oman, l'Afrique du Sud et le Sri Lanka ont tous participé à la campagne #CleanSeas lors du sommet de Nairobi, le Sri Lanka promettant d'interdire les produits en plastique à usage unique à compter du 1er janvier 2018, de renforcer le tri et le recyclage des déchets et a fixé l'objectif de libérer son océan et ses côtes de la pollution d'ici 2030. Il y a déjà 39 pays dans la campagne.
La Colombie, Singapour, la Bulgarie, la Hongrie et la Mongolie ont rejoint 100 villes déjà engagées dans #BreatheLife, une autre campagne qui vise elle à lutter contre la pollution de l'air. Tous les signataires se sont engagés à réduire la pollution de l'air à des niveaux plus sûrs d'ici 2030, Singapour promettant de renforcer les normes concernant les émissions et les carburants applicables aux véhicules ainsi que les normes des émissions de l'industrie.
L'élan mondial s’est longtemps faite attendre, comme l'indique le rapport du Directeur exécutif de l'ONU Environnement, Vers une planète sans pollution.
Dans l'ensemble, la dégradation de l'environnement cause près d'un décès sur quatre dans le monde, soit 12,6 millions de personnes par an, et la destruction d’un grand nombre d’écosystèmes essentiels. La pollution de l'air est le plus grand tueur environnemental, qui prend 6,5 millions de vies chaque année.
L'exposition au plomb dans la peinture cause des lésions cérébrales à 600.000 enfants par an. Nos mers contiennent déjà 500 « zones mortes » avec trop peu d'oxygène pour abriter la vie marine. Plus de 80% des eaux usées du monde sont rejetées dans l'environnement sans traitement, empoisonnant les champs dans lesquels nous faisons pousser notre nourriture mais aussi les lacs et les rivières qui fournissent de l'eau potable à 300 millions de personnes.
Tout ceci représente également un tribut économique énorme. Selon un récent rapport de la Commission Lancet sur la pollution et la santé, les pertes de bien-être dues à la pollution sont estimées à plus de 4.600 milliards de dollars par an, soit 6,2% de la production économique mondiale.
« Nous avons eu deux missions à cette Assemblée, a déclaré Ibrahim Thiaw, directeur adjoint de l'ONU Environnement. Une [d’accord sur l'action] est accomplie. La seconde doit être entreprise demain. »
Plus de 4.000 chefs d'État, ministres, chefs d'entreprise, représentants de l'ONU, représentants de la société civile, activistes et célébrités se sont réunis au sommet de Nairobi qui s'est tenu durant trois jours.
Le communiqué de presse correspondant de l'ONU Environnement est disponible ici.
Télécharger la Déclaration ministérielle ici et les résolutions finales là.
La prochaine Assemblée de l’ONU Environnement aura lieu dans deux ans. Son président en sera le ministre estonien de l'Environnement, M. Siim Kiisler, nommé à la fin de la réunion. Pour plus d'informations sur l'Assemblée, visitez le site web.
Télécharger le rapport du Directeur exécutif: Vers une planète sans pollution ici.