« Cette année est cruciale pour l'avenir de l'humanité » Patricia Espinosa
26 avril 2021
Opinion
UNFCCC Executive Secretart Patricia Espinosa
UN Climate Change Executive Secretary Patricia Espinosa

La lutte contre les changements climatiques est probablement la tâche la plus importante à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui - et l'engagement renouvelé des États-Unis à cet égard est la bienvenue.

ONU Climat Infos, 26 avril 2021- Il y a près de trois décennies, lors du Sommet de la Terre qui s'est tenu en 1992 à Rio de Janeiro, la communauté internationale a reconnu la nécessité de relever les défis croissants posés par l'état de l'environnement. Plusieurs résolutions et accords sont nés de cette conférence historique, dont la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. L'objectif ultime de cette initiative multilatérale est d'empêcher qu'un changement climatique incontrôlé et incontrôlable ne nuise aux écosystèmes naturels, ne menace la production alimentaire ou n'entrave le développement durable. En bref, de préserver le monde tel que nous le connaissons.

Pendant trois décennies, les pays - ou les parties, comme on les appelle dans la convention - ont débattu et délibéré sur la menace croissante que représentent les activités humaines pour la stabilité du système climatique et, par conséquent, pour l'avenir de notre planète. Les progrès ont été lents, et souvent décevants. Mais il y a eu des réalisations majeures, comme le protocole de Kyoto en 1992 et, surtout, l'Accord de Paris, qui constituent des jalons dans l'élaboration d'un régime international qui protège le climat.

Les preuves scientifiques sont désormais sans ambiguïté et leurs conclusions sont irréfutables : au cours du siècle dernier, la température de la surface de la Terre a augmenté, et en fait, continue d'augmenter, à un rythme alarmant. La cause de ce processus est tout aussi claire : l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Inverser cette tendance est probablement la tâche la plus importante et la plus urgente à laquelle l'humanité est confrontée aujourd'hui.

On peut même dire que le monde n'a jamais été confronté à un tel défi. Les causes du réchauffement planétaire sont si complexes et omniprésentes, le processus dure depuis si longtemps et le temps disponible pour inverser cette tendance est si court que l'objectif de contenir le changement climatique peut parfois sembler irréalisable. La pandémie de coronavirus, avec sa peur, ses pertes et ses souffrances, n'a fait que rendre cette tâche encore plus difficile.

Le défi est en effet considérable. Pour le relever, le leadership mondial doit être extraordinaire. La transformation économique et sociale qui doit avoir lieu pour mettre le monde sur la voie du développement durable et, surtout, pour empêcher que la température moyenne de la surface de la Terre n'augmente de plus de 1,5 °C, exige une action audacieuse et décisive. Par-dessus tout, elle exige un leadership informé et inclusif dans les sphères publiques et privées, de la part des hommes comme des femmes, en particulier des femmes, dont le rôle dans ce processus de transformation sera essentiel.

Le sommet des leaders sur le climat organisé par le président américainJoe Biden, qui a permis aux chefs d'État et de gouvernement du monde entier de se rencontrer virtuellement pour discuter de cette question capitale, est un développement des plus appréciables. L'engagement renouvelé des États-Unis en faveur de la cause du changement climatique est une source d'optimisme justifié. En promouvant le changement à l'intérieur de ses frontières et en encourageant une plus grande ambition à l'étranger, le gouvernement américain contribue à faire avancer l'agenda climatique.

Les dirigeants réunis par le président américain ont l'occasion d'étudier et, espérons-le, de convenir de nouveaux objectifs et engagements plus ambitieux dans les domaines clés de l'atténuation, de l'adaptation et du financement, qui sont au cœur du régime climatique, et de trouver un terrain d'entente sur d'autres questions urgentes. Cette démarche s'avérera précieuse alors que la communauté internationale se prépare à la prochaine Cop26, qui se tiendra à Glasgow sous la présidence du Royaume-Uni. L'heure est au leadership, au courage et à la détermination : l'heure est aux décisions difficiles pour conduire la transformation vers une ère sans précédent de croissance, de prospérité et d'espoir pour tous.

Cet article d'opinion a été publié originellement dans le quotidien anglais Guardian.