Selon le Protocole de Kyoto, les Parties visées à
l'annexe I peuvent utiliser certaines activités humaines liées à
l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la
foresterie qui absorbent les gaz à effet de serre de l'atmosphère
(soit les puits de carbone : boisement, reboisement et lutte contre le déboisement)
pour excentrer leurs objectifs d'émission. Inversement, les changements
dans ces activités qui affaiblissent les puits de carbone (par exemple
l'accélération du déboisement) seront soustraits du montant
des émissions qu'une Partie visée à l'annexe I est autorisée
à rejeter au cours de la période d'engagement (paragraphe 3 de l'article
3). En outre, le paragraphe 4 de l'article 3 énonce que des activités
anthropiques supplémentaires dans les catégories constituées
par les terres agricoles et le changement d'affectation des terres et la foresterie
peuvent être ajoutées à celles déjà comptées
en vertu du Protocole, sous certaines réserves.
Toutefois, le Protocole de Kyoto n'a pas résolu certaines
questions qui ont fait, depuis son adoption, l'objet de négociations constantes
afin de formuler des recommandations à l'intention de la première
session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des
Parties au Protocole. Ces questions portent sur la définition des termes
« boisement », « reboisement» et « déboisement»,
sur les critères d'inclusion des activités supplémentaires
prévues au paragraphe 4 de l'article 3 dans le champ du Protocole et sur
le choix des activités à retenir.
A la demande du SBSTA en sa huitième session (juin 1998),
le GIEC a accepté de rédiger un rapport spécial sur le sujet,
vu la complexité et les incertitudes scientifiques propres à l'utilisation
des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie.
A sa quatrième session (Buenos Aires, novembre 1998),
la Conférence des Parties est convenue de recommander à la première
session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des
Parties au Protocole des décisions sur les définitions liées
au paragraphe 3 de l'article 3 et sur les activités supplémentaires
visées au paragraphe 4 de l'article 3 et ce, après l'achèvement
du rapport spécial du GIEC et son examen par le SBSTA. A la cinquième
session (Bonn, octobre-novembre 1999), les Parties ont approuvé un programme
de travail et un cadre décisionnel sur l'utilisation des terres, le changement
d'affectation des terres et la foresterie devant permettre l'adoption des projets
de décision par la sixième session de la Conférence des Parties
(La Haye, novembre 2000). Dans le cadre des négociations, le SBSTA a invité
les Parties à présenter des données et informations propres
aux pays dans un format commun établi à sa douzième session
(juin 2000). Les travaux se sont poursuivis entre les sessions et le SBSTA a tenu
plusieurs ateliers
sur le sujet.
Le Rapport spécial du GIEC
sur l'utilisation des terres, le changement d'affectation des terres et la foresterie
a été officiellement remis au SBSTA en juin 2000, lors de sa douzième
session.
A la sixième session de La Haye, la Conférence
des Parties n'a pu s'entendre sur les questions liées à l'utilisation
des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie qui
faisaient partie d'un ensemble de décisions à prendre dans le cadre
du Plan d'action de Buenos Aires et, comme ce fut le cas pour d'autres questions,
les textes de négociation sur le sujet ont été renvoyés
à la reprise de la sixième session.
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A la reprise de sa sixième session (Bonn, juillet 2001),
la Conférence des Parties a adopté les Accords
de Bonn sur la mise en uvre du Plan d'action de Buenos Aires, signifiant
un accord politique sur les questions de fond, dont l'utilisation des terres,
le changement d'affectation des terres et la foresterie. Les Parties n'ont cependant
pas finalisé de décision en la matière, sur la base des Accords
de Bonn, et le projet de décision a été renvoyé à
la septième session (Marrakech, octobre-novembre 2001).
Les Accords de Bonn énoncent plusieurs principes régissant
le traitement des activités liées à l'utilisation des terres,
au changement d'affectation des terres et à la foresterie en vertu du Protocole
de Kyoto et prennent acte d'une entente sur la définition des termes «
forêt », « boisement », « reboisement » et
« déboisement ». Les Accords stipulent que la « gestion
des forêts », la « gestion des terres cultivées »,
la « gestion des pâturages » et la « régénération
du couvert végétal » sont des activités admissibles
au bénéfice du paragraphe 4 de l'article 3, sous réserve
de certaines conditions et règles de comptabilisation, dont un plafond
individuel, donné dans un tableau, des crédits pouvant être
demandés par chaque Partie pour la gestion des forêts. Les Accords
confirment que seuls les projets de boisement et de reboisement sont admissibles
au titre du mécanisme pour un développement
propre.
Les questions sur l'utilisation des terres, le changement d'affectation
des terres et la foresterie qui n'ont pas permis de finaliser de décision
à la deuxième partie de la sixième session de la Conférence
des Parties portent en premier lieu sur les plafonds individuels énumérés
dans le tableau, notamment leur niveau et la possibilité d'un réexamen
avant le début de la première période d'engagement. La Fédération
de Russie a présenté à ce sujet une proposition
signalée en note de bas de page dans le projet de texte renvoyé
à la septième session.
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Les négociations sur l'utilisation des terres, le changement
d'affectation des terres et la foresterie se poursuivront à la septième
session de la Conférence des Parties dans l'espoir de parvenir à
un accord et d'adopter une décision, incluant la formulation de recommandations
à l'intention de la première session de la Conférence des
Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole.
Les informations que le GIEC transmettra au SBSTA à sa
quinzième session (tenue conjointement avec la septième session
de la Conférence des Parties) sur l'élaboration du guide
de bonnes pratiques seront également pertinentes à cet égard.
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